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tions redoublèrent surtout aux abords du lieu de rendez-vous de la milice, à la tête de laquelle le maire de Laon et ses douze échevins devaient se rendre processionnellement à l’hôtel de la commune, afin de l’inaugurer par une séance solennelle, les réunions de ces magistrats ayant eu lieu jusqu’alors dans la maison de Jean Molrain, le maire. Les halles, ainsi que celles de toutes les cités de la Gaule, se composaient de vastes hangars, sous lesquels le samedi, et quelquefois à d’autres jours de la semaine, les marchands, quittant leurs boutiques habituelles, allaient à leurs comptoirs halliers exposer denrées et marchandises ; les habitants du dehors et des faubourgs, qui venaient s’approvisionner à Laon, trouvaient ainsi à acheter dans un même endroit ce dont ils pouvaient avoir besoin. Mais les halles, en ce jour de fête, servaient de lieu de réunion à bon nombre de bourgeois et d’artisans qui s’étaient armés pour se joindre au cortége et lui donner un caractère plus imposant. En cas de guerre, tout communier devait, au premier appel du beffroi, se munir d’une pique, d’une hache ou d’un bâton, et accourir au rendez-vous. La foule se montrait généralement insoucieuse des insolentes railleries ou des provocations des épiscopaux : la majorité des communiers se sentaient assez forts pour mépriser ces défis ; d’autres, moins résolus, obéissaient à une certaine appréhension de ces nobles bardés de fer, presque tous accoutumés au maniement des armes, et contre lesquels les Laonnais ne s’étaient pas encore mesurés, puisqu’ils devaient leur affranchissement, non à une insurrection, mais à un marché d’argent. Puis, enfin, à peine délivrés de leur rude et honteux servage, beaucoup de citadins conservaient, involontairement, une ancienne habitude, sinon de respect, du moins de crainte envers ceux dont ils avaient pendant si longtemps subi la cruelle oppression. Bientôt les dizainiers, commandant à dix hommes, et les centeniers, commandant aux dizainiers, sous les ordres de Fergan, élu Connétable ou chef de la milice, rangèrent leurs gens sous les piliers des halles ; Colombaïk était dizainier, sa troupe se trouvait