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Le koempé (champion), guerrier voué au service d’un maître, combat pour lui. Jamais les koempés pirates ne doivent chercher d’abri pendant la tempête, et panser leurs blessures avant la fin du combat. Ils sont si bon nageurs qu’un jour, rentrant avec un bâtiment chargé de butin, qui faillit couler bas tant il était chargé, ils se jetèrent tous à la nage, et gagnèrent le port, moins les koempés nécessaires pour guider le navire. (Depping, Hist. des Exp. mar. des Norm. vol. I, p. 42.)


(N, O) Chronique de Raoul Glaber ; il donne la biographie d’Hastaing, liv. III, p. 84. Voir aussi le Roman de Rolf, cité en épigraphe.

(P) Le Berseker était un guerrier frappé d’une sorte de frénésie périodique pendant laquelle il avalait des charbons ardents, marchait dans le feu. Les sagas racontent que des fils d’Arngrim étant dans cet état de frénésie pendant leurs traversées, tuaient leurs gens, détruisaient leurs bateaux, ou bien, débarquant dans quelque lieu sauvage, ils exerçaient leur fureur contre les roches et les bois. Après ces accès de frénésie, ils éprouvaient un long épuisement. (Depping, Hist. des Exp. mar. des Norm., vol. I, p. 47.)

(Q, R, S) Nous rassemblerons dans cette seule note la description des bâtiments north-mands, empruntée au savant et curieux ouvrage de M. Depping, l’un de nos historiens les plus conscienceux et les plus estimés.

..... Les Rois de la mer mettaient de la vanité à avoir au moins un bateau très-fort qu’ils montaient avec leurs bersekes. La figure d’un dragon (drekar) ou d’un autre animal fantastique représenté sur la proue les faisaient nommer des Dragons. La peinture et la dorure les décoraient. Le drekar ou Dragon Grimsnoth que le roi Rolf enleva à un autre pirate surpassait, dit la saga de Gothrek, «autant les autres bateaux que Rolf surpassait tous les rois du Nord.» — Ces dragons avaient de hauts bords garnis de fer, et parfois à la poupe des tours ou kastali d’où l’on lançait sur l’ennemi des pierres et des flèches. Le Holker était un petit bateau à douze rames, monté d’un pilote et de douze matelots. Ils ne servaient pas aux grandes expéditions, mais au cabotage ; on les rentrait le soir, ou bien on les amarrait à la plage. On pouvait les transporter à dos d’homme.

Les Snekars, bâtiments plus considérables, étaient munis de vingt bancs de rameurs ; l’on s’en servait dans les guerres des côtes. Ils ne pouvaient contenir que peu de provisions : on débarquait fréquemment pour s’approvisionner. (Depping, Hist. des Exp. mar. des Norm., vol. I, p. 70 à 72.) Les bateaux avaient à la proue des figures de lions, de taureaux, de dauphins, en métal doré ; au haut des mâts, des oiseaux aux ailes déployés tournant avec les vents ; les flancs des bateaux peints de diverses couleurs et des boucliers de fer poli suspendus en files. Le vaisseau du chef avait la forme allongée d’un serpent dont la tête avançait à la proue et la queue se recourbait à la poupe ; on l’appelait le grand dragon. Pour pavillon un drapeau blanc ou rouge, où était représenté un corbeau ouvrant le bec et battant des ailes. (Augustin Thierry, Conquête de l’Angleterre par les Normands, vol. I, p. 146.)

(T) Voir Depping, tom. I, p. 83.

(U, V, X, Y, Z, AA) Le roi Karl-le-Sot (Carolus Stultus) donna à Rolf sa propre fille Ghisèle en mariage à la sollicitation de Francon, archevêque de Rouen. Il abandonna aux North-mans toute la province que l’on a nommée d’après eux la Normandie ; le roi céda