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yeux Colombaïk ; bientôt il dit avec un profond soupir d’allégement : — Il est pâle, il a pleuré ; mais il ne semble pas avoir souffert, ils ne lui auront pas fait de mal ! — Et embrassant encore Colombaïk avec frénésie, il répétait : — Mon pauvre enfant ! Ah ! combien ta mère sera heureuse ! — Puis, ses alarmes paternelles calmées, il se souvint qu’il n’était pas seul, et ne doutant pas qu’Azenor ne fût la magicienne dont le nom redoutable était parvenu jusqu’aux serfs de la seigneurie, il déposa son fils à terre, ramassa son pic, s’approcha lentement de la jeune femme d’un air farouche, et lui dit : — C’est donc toi qui fais voler les enfants pour servir à tes sorcelleries diaboliques ? — Puis, le regard étincelant, il leva des deux mains sa barre de fer et s’écria : — Tu vas mourir, infâme sorcière !

— Père, ne la tue pas ! — dit vivement l’enfant en enlaçant de ses deux bras les genoux du carrier ; — oh ! ne la tue pas, elle m’embrassait lorsque tu es entré !…

Ces mots, jetèrent un doute dans l’esprit du serf ; son pic s’abaissa, et regardant avec surprise Azenor qui, sombre, pensive, les bras croisés, sur son sein palpitant, semblait braver la mort, il dit à l’enfant : — Cette femme t’embrassait ?

— Oui, père… et depuis que l’on m’a amené ici, elle a été douce pour moi…

— Alors,. — dit le carrier en s’adressant à la sorcière, — pourquoi as-tu fait enlever mon enfant ?

Azenor-la-Pâle, sans répondre à la question du serf et poursuivant la pensée qu’elle méditait, réfléchit quelques instants encore et dit enfin à Fergan : — Où aboutit l’issue par laquelle tu as pénétré dans cette tourelle ?

— Que t’importe ?

La jeune femme alla vers un meuble de chêne massif, y prit un coffret, l’ouvrit et montrant au carrier les pièces d’or dont il était rempli : — Prends cette cassette et laisse-moi t’accompagner ; tu as pu t’introduire par un passage secret dans ce donjon, tu en pourras sortir…