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tèrent leur aïeul, comme lui demeurèrent maîtres indépendants, absolus et héréditaires du pays de Plouernel. Grand nombre de seigneurs franks s’emparèrent ainsi d’autres parties du territoire de la Gaule. Robert devint de la sorte comte (du pays) de Paris ; Milo, comte (du pays) de Tonnerre ; Hugh, comte (du pays) du Maine ; Burchardt, sire (du pays) de Montmorency ; Landry, duc (du pays) de Nevers ; Radulf, comte (du pays) de Beaugency ; Enghilbert, comte (du pays) de Ponthieu, etc., etc. Ceux-là, et quantité d’autres seigneurs, descendants des Leudes de Clovis ou des chefs des bandes de Karl-Marteau, abandonnant ainsi, par la suite des temps, leurs noms franks ou y ajoutant les noms gaulois des contrées dont ils s’étaient emparés, se firent et se font appeler : — seigneurs, sires, duc ou comtes de Paris, de Plouernel, de Montmorency, de Nevers, de Tonnerre, de Ponthieu, etc., etc. — Durant ces siècles de guerres et de brigandages, les Neroweg avaient de plus en plus fortifié leur château, vivant et s’enrichissant de rapines, d’extorsions et du travail écrasant de leurs vilains et de leurs serfs ; Neroweg V, surnommé Tête-d’Étoupes, en raison de la teinte de ses cheveux couleur de filasse, et Neroweg VI, surnommé Pire-qu’un-Loup par les pauvres gens de ses domaines, en raison de sa cruauté, se montrèrent dignes de leurs ancêtres.

Le manoir de Plouernel s’élève au sommet d’une montagne rocheuse et aride, baignée à l’occident par un profond cours d’eau, à l’orient, elle surplombe une étroite chaussée construite au-dessus du niveau d’immenses marais où se déverse, par un canal, le trop plein des vastes étangs de l’ancienne abbaye de Meriadek, située à plusieurs lieues de là et dépendant autrefois des grandes possessions du diocèse de Nantes. S’ils suivent la route de terre, les voyageurs sont forcés de traverser cette jetée lorsqu’ils se rendent d’Angers à Nantes, à moins de parcourir un long circuit, en traversant les domaines du seigneur de Castel-Redon. Les bateaux qui vont rejoindre la Loire par la rivière de Plouernel, dont le cours baigne la monta-