continu des races royales, que la lignée de Karl-le-Grand, se dégradant jusqu’à Karl-le-Sot, continuerait sans doute de se dégrader encore à travers les âges en vertu du crime originel de toute royauté, issue de la conquête ; les prévisions de notre aïeul Eidiol ne le trompaient pas. Jugez-en, fils de Joel !
Après avoir forcé Karl-le-Sot de donner sa fille Ghisèle (bientôt morte de chagrin) à Rolf, avec la Bretagne et la Neustrie pour dot, Roth-bert, comte de Paris, ne se contentant plus d’outrager, de spolier la royauté, se révolta ouvertement en 922 contre Karl-le-Sot, se fit couronner et sacrer à Reims par l’Église catholique, fidèle à son pieux usage de tous les temps, de sacrer et consacrer usurpations iniques et violences sanglantes, pourvu qu’on la paye. Cependant bon nombre d’autres seigneurs français, jaloux de voir Roth-bert, leur égal, s’emparer du trône, lui livrent bataille ; il est tué. Sa mort ne profite pas à Karl-le-Sot ; en 929, il meurt détrôné dans le château de Péronne, prisonnier d’Herberth, comte de Vermandois. La dernière femme de ce misérable Sot, quittant la France avec le fils qu’elle avait eu de lui, se retire avec son enfant auprès d’Adelestan, roi d’Angleterre, dont elle est sœur. Après la mort de Roth-bert, Radulf (ou Raoul), duk de Bourgogne, s’emparant du trône vacant, au préjudice du fils de Karl-le-Sot, fut sacré roi par le clergé dans la basilique de Saint-Médard, à Soissons. Durant son règne (de 924 à 936), de nouvelles expéditions de pirates north-mans partis des mers du nord viennent ravager la Gaule ; les Hongrois l’envahissent à leur tour, les guerres incessantes des seigneurs entre eux mettent le comble aux maux du pays. L’usurpateur Raoul meurt sans enfants ; un parti de seigneurs français fait alors revenir d’Angleterre le fils de Karl-le-Sot. Ce fils, nommé Ludwig, qui arrivait ainsi d’outre-mer, fut surnommé Ludwig-d’Outre-mer. Sous son règne, qui dura de 936 à 964, année où il mourut à Reims d’une chute de cheval, la Gaule fut constamment déchirée par les guerres civiles et étrangères, surtout excitées par les violentes ambitions des Comtes de Paris,