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de cette campagne d’Italie, où il fit payer rançon à Rome, rançon que la Rome des empereurs et que la Rome des papes n’a fait que trop chèrement payer à la Gaule, conquise à son tour ! Les funestes divisions suscitées par les descendants des rois détrônés et rasés par Ritta-Gaür vinrent ensuite ébranler et désunir la glorieuse république des Gaules, à qui le pays, sous la sage et patriotique inspiration des druides, avait dû tant de siècles de grandeur et de prospérité ; alors le Languedoc, presque livré à ses propres forces pour résister à l’invasion romaine, combattit intrépidement, ayant à sa tête Budok, ce guerrier géant, qui, dédaigneux de la mort, allait demi-nu, à la bataille, armé d’une massue de fer ; Bituit, un des plus vaillants hommes de l’Auvergne, ce chef qui donnait pour repas à sa meute de guerre une légion romaine, se joignit à Budok ; mais, malgré leur résistance héroïque, ils furent écrasés par les forces supérieures des Romains, et ceux-ci établirent en Gaule leur première colonie, dont Narbonne fut la capitale. Triste souvenir !… ce fut non loin de Narbonne que notre aïeul Sylvest, livré aux animaux féroces dans le cirque d’Orange, échappa à une mort presque certaine, pour entendre les cris déchirants de sa sœur Siomara, la courtisane, expirant dans les tortures sous les yeux de Faustine, la patricienne. Lors de la grande insurrection nationale de Vindex, le Languedoc, à la voix de ses druides, se souleva de nouveau. À cette formidable insurrection, ce pays gagna d’être régi par ses propres lois, d’élire ses chefs, et de faire respecter le culte druidique, dont les innombrables monuments sont encore debout, à cette heure… pierres sacrées qui défieront les âges ! Cette fertile province, sous le nom de Gaule narbonnaise, grandit de nouveau en prospérité, en richesse ; et au temps où vivait Victoria la Grande, nulle contrée ne fut plus opulente, plus civilisée ; partout les arts, les lettres florissaient ; partout s’élevaient des écoles dont le renom s’étendait jusqu’aux confins du monde connu ; les vaisseaux de commerce sillonnaient la Méditerranée ou naviguaient sur la