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promptement m’instruire des nouvelles qu’il apporte. — Puis s’adressant au page et lui montrant Loysik qui, le front haut, le regard ferme, s’avançait vers elle : — Va chercher quelques-uns de tes compagnons et chasse d’ici, à coups de houssine, ce vieux moine fou ; la perte de sa raison lui épargne un autre châtiment. — La reine se levant alors se dirigea vers sa chambre à coucher, disant au maire du palais : — Warnachaire, reviens au plus tôt m’instruire des nouvelles apportées par le messager.

— Je vais, madame, le recevoir à l’instant ; mais ce fou…

— Cela regarde mes pages… Allons, aux houssines… aux houssines !

Le maire du palais sortit ; au moment où la porte se trouvait ainsi ouverte, le page, sans quitter la salle, appela plusieurs de ses compagnons rassemblés dans la pièce voisine. Loysik voyant la reine, sans s’occuper plus de lui que l’on ne s’occupe d’un insensé, rentrer dans sa chambre, Loysik courut vers Brunehaut, et lui présentant un parchemin qu’il venait de tirer de sa robe, il lui dit d’une voix forte : — Je ne suis pas fou… Cette charte du feu roi Clotaire Ier vous prouvera que je suis le supérieur du monastère de Charolles, où votre chambellan et ses soldats sont à cette heure, je vous le répète, retenus prisonniers par mon ordre.

— Loysik ! — s’écria l’un des jeunes pages qui venaient d’accourir à la voix de leur compagnon, — le frère Loysik ici ?

— Quoi ! ce moine ! — s’écria Brunehaut stupéfaite, — c’est Loysik ?… l’abbé du monastère de Charolles ?

— Oui, glorieuse reine !

— D’où le connais-tu ?

— On me l’a montré et nommé au dernier marché d’esclaves ; il achetait des captifs pour les affranchir ; ce matin je l’ai vu traverser une des cours du palais en compagnie du juif Samuel, que tout le monde connaît à Châlons.

Brunehaut fit signe aux pages de sortir, et après un instant de