gern ; — mais je crains pour vous que cet épais brouillard se change en pluie vers le soir ; vous serez mouillée jusqu’aux os, surtout si nous nous égarons de plus en plus. Nous devrions tâcher de rejoindre la chasse.
— Essayons… de quel côté irons-nous ?
— Tout à l’heure il m’a semblé entendre, très au loin, le bruit affaibli des trompes.
— Écoutons encore, — dit Thétralde en penchant de côté sa tête charmante, tandis que Vortigern, faisant faire quelques pas à son cheval, allait, à peu de distance, prêter l’oreille de son côté.
— Entends-tu quelque chose, toi ? — reprit la fille de l’empereur des Franks en élevant sa douce voix et s’adressant à Vortigern, éloigné d’elle de quelques pas. — Moi, je n’entends rien.
— Ni moi non plus, — répondit le jeune Breton en se rapprochant de Thétralde. — Quel malheur ! Comment faire ?
— Nous voilà perdus ! — dit la jeune fille en riant aux éclats. — Et si la nuit vient, quelle terrible chose !
— Quoi ! vous riez en un pareil moment !
— Est-ce que tu as peur, toi, soldat, quit t’es battu si jeune ? — Puis la jolie figure de Thétralde, devenant inquiète, elle ajouta : — Et ta blessure ?
— Ne parlons pas de ma blessure, parlons de vous… Voyez, le brouillard s’épaissit de plus en plus… Comment retrouver notre route ?
— Moi, je veux te parler de ta blessure, — reprit la fille de Karl avec une impatience enfantine. — Pourquoi ton bras n’est-il plus soutenu comme hier par une écharpe ?
— Cela m’aurait gêné pendant la chasse.
Thétralde, détachant vivement sa longue ceinture de soie tyrienne, l’offrit à Vortigern, en lui disant : — Tiens, ma ceinture remplacera ton écharpe et soutiendra ton bras.
— C’est inutile, je vous assure.