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val de ma sœur ? mais, que veux-tu ? quand je l’ai vue s’efforcer de me dépasser, je n’ai plus été maîtresse de moi.

— J’espère qu’il ne sera arrivé aucun mal à votre sœur.

— Je l’espère aussi.

Thétralde et Vortigern demeurent encore muets pendant quelques moments. La jeune fille reprit avec un léger accent de dépit : — Tu es très-silencieux…

— Ce n’est pas de ma faute. Je ne sais que dire…

— Ni moi non plus ; cependant je mourais d’envie de te parler… Comment t’appelles-tu ?

— Vortigern.

— Vortigern… c’est un nom de ton pays ?

— Oui.

— Moi, je me nomme Thétralde… Dis-le ce nom.

— Thétralde…

— J’aime à t’entendre prononcer mon nom… tu le dis doucement.

— C’est qu’il est doux à prononcer.

— Le tien aussi, quoiqu’un peu barbare… Vortigern.

— De quel côté peut être la chasse ? — reprit le jeune Breton en regardant d’un côté et d’autre avec une anxiété croissante ; — il sera difficile de retrouver les chasseurs, le brouillard s’épaissit de plus en plus.

— Si nous allions nous perdre, — dit Thétralde en riant. — Moi, je ne connais pas les routes de la forêt.

— Alors, pourquoi n’être pas restée auprès des gens de la cour de votre père ?…

— Je ne sais. Je t’ai vu t’éloigner rapidement, je t’ai suivi malgré moi.

— Et maintenant, voyez dans quel embarras nous voilà !

— Tu es donc fâché de te trouver ici seul avec moi ?

— Mon Dieu ! je ne suis pas fâché, — s’écria le pauvre Vorti-