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était belle, elle était jeune, elle était sainte ! — Elle s’appelait Hêna… Hêna, la vierge de l’île de Sên ! »

Rosen-Aër, Bonaïk et Amael, ces trois descendants de Joel, restèrent un moment stupéfaits ; puis, cédant à un mouvement irrésistible, ils s’agenouillèrent pieusement… les larmes coulèrent de leurs yeux. Septimine et les apprentis, partageant une émotion dont ils ne se rendaient pas compte, s’agenouillèrent aussi, et tous écoutèrent, tandis que la voix sonore, semblant descendre du ciel, acheva le vieux bardit gaulois qui datait de huit siècles.

— Ô Hésus ! — dit enfin Rosen-Aër en levant son noble visage baigné de larmes vers le firmament étoilé, où rayonnait l’astre sacré de la Gaule. — Ô Hésus ! je vois un divin présage dans ce chant si cher à la mémoire des descendants de Joel… Béni soit ce chant ! il nous salue et nous accueille à cette heure solennelle, où touchant enfin cette terre libre, nous revenons à l’antique berceau de notre famille !




Amael, sa mère, Septimine et les apprentis, guidés par le vieil orfévre, arrivèrent près des pierres sacrées de Karnak, et furent tendrement accueillis par le fils du frère de Bonaïk. Amael se fit laboureur, les jeunes apprentis l’imitèrent et s’établirent dans la tribu… À la mort de Bonaïk, la crosse abbatiale fut jointe aux reliques de la famille de Joel, ainsi que cette légende écrite par Amael, peu de temps après son retour en Bretagne.




fin de la crosse abbatiale.