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— Arnulf, — dit le guerrier à l’un de ses compagnons, après avoir interrogé Amael, — va dire au comte Bertchramm que nous sommes en bonne route ; je vais désaltérer mon cheval à ce ruisseau.

Le cavalier partit ; pendant que ses deux compagnons laissaient leurs chevaux boire quelques gorgées d’eau au courant du ruisseau, Amael, qui n’avait pu cacher son étonnement croissant en entendant nommer le comte Bertchramm, dit aux cavaliers : — Vous êtes des hommes de Bertchramm ?

— Oui.

— Que vient-il faire en ce pays ?

— On vient comme messager de Karl, chef des Franks. Mais, dis-moi, avons-nous encore une longue route à faire avant d’arriver à l’abbaye de Meriadek ?

— Vous ne pourrez y arriver qu’assez tard dans la nuit.

— On la dit riche, cette abbaye ?

— Elle est riche… mais pourquoi cette question ?

— Pourquoi ? — dit joyeusement le guerrier, — parce que Bertchramm et nous, ses hommes, nous allons prendre possession de cette abbaye, que le bon Karl nous a octroyée.

— Karl vous l’a concédée ?

— Cela t’étonne ?

— J’avais entendu dire dans le pays que Karl avait donné ce monastère et ses biens à un certain Berthoald.

— Tu connais le comte ?

— Oui.

— Alors tu connais l’un des guerriers les plus renommés, les plus vaillants parmi les Franks ; il est le favori du bon Karl ; c’est tout dire, car il ne choisit ses favoris que parmi les fortes épées.

Pendant cet entretien, les autres cavaliers avaient rejoint ceux qui leur servaient d’avant-garde, l’on voyait s’avancer, au loin, plusieurs chariots ou mulets chargés de bagages, et quelques chevaux conduits en main par des esclaves. À la tête du principal