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jetait la juste sévérité de sa mère, essuya son visage baigné de larmes et fit quelques pas en avant, afin de s’assurer de la venue des cavaliers.

— Grand Dieu ! — s’écria Septimine, — si l’on était à la poursuite d’Amael !… Bon père Bonaïk, il faut nous cacher dans ce taillis…

— Mon enfant, ce serait risquer de nous faire poursuivre, car maintenant ces cavaliers nous ont vus… notre fuite éveillerait leurs soupçons. D’ailleurs, au lieu de venir du côté de Nantes, ils viennent par une route opposée ; ils ne peuvent donc être à notre recherche.

— Maître Bonaïk, — dit un des apprentis, — voici trois de ces guerriers qui pressent l’allure de leurs chevaux en nous faisant de la main signe de venir à eux.

— Un nouveau danger nous menace peut-être ! — dit Septimine en se rapprochant de Rosen-Aër, qui, seule, ne s’étant pas levée, semblait indifférente à ce qui se passait autour d’elle. — Hélas ! qu’allons-nous devenir ?

— Ah ! pauvre enfant ! — dit Rosen-Aër, — peu m’importe la vie, à cette heure !… et pourtant le seul espoir de retrouver un jour mon fils l’avait soutenue jusqu’ici ma triste vie !

— Mais il est retrouvé, ce fils si tendrement regretté ?

— Non, — répondit la Gauloise avec une morne et sombre douleur, — non, ce n’est plus là mon fils !

Amael, assez inquiet, s’était avancé à la rencontre des trois cavaliers franks qui précédaient un groupe plus nombreux. L’un d’eux, arrêtant son cheval, dit au fils de Rosen-Aër : — Es-tu de ce pays ?

— Oui.

— Cette route conduit-elle à Nantes ?

— Oui.

— Conduit-elle aussi à l’abbaye de Meriadek ?

— Oui, — répondit encore Amael, aussi surpris de cette rencontre que de ces questions.