Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fond silence. Quelques moments se passèrent ainsi dans une attente pleine d’angoisses. — Rien… — murmura l’orfévre, les yeux ardemment fixés sur l’ouverture du soupirail, — rien…

— Il est mort ! — s’écria Rosen-Aër, tandis que Septimine la retenait entre ses bras. — Je ne le verrai plus !

— Une autre pierre ! — dit le vieillard. Et il lança un second caillou dans le souterrain. Ce fut encore un moment d’angoisse : toutes les respirations étaient suspendues. Enfin, au bout de quelques instants, Rosen-Aër, se dressant sur la pointe des pieds, s’écria : — Ses mains ! je vois ses mains ! il se cramponne aux barreaux du soupirail ! Merci, Hésus ! merci… vous me l’avez rendu ! — Et elle tomba à genoux.

Bonaïk vit alors la pâle figure d’Amael encadrée de ses longs cheveux ruisselants d’eau, apparaître entre les barreaux. Le vieillard lui fit signe de disparaître de nouveau, en disant à voix basse, et comme s’il avait pu être entendu par le prisonnier : — Et maintenant, cachez-vous, cachez-vous, et attendez ! — Se retournant alors vers Rosen-Aër : — Votre fils m’a compris ; mais, je vous en supplie, du calme… pas d’imprudence. — Allant ensuite à son établi, où se trouvaient plusieurs morceaux de parchemin, dont il se servait pour dessiner les modèles de ses orfévreries, il écrivit ces mots : — « Si l’eau n’a pas tellement envahi le souterrain que vous puissiez y rester sans danger jusqu’à la nuit, donnez trois secousses à la cordelle au bout de laquelle sera attachée la pierre qui aura ce billet pour enveloppe ; en ce cas, cette cordelle nous servira de moyen de communication ; lorsque vous la verrez s’agiter, préparez-vous à recevoir un nouvel avis : jusque-là, ne paraissez pas au soupirail. Votre mère espère comme nous vous sauver. Courage et confiance ! »

Ces mots écrits, l’orfévre enveloppa un caillou avec ce parchemin, heureusement, de sa nature, imperméable, lia le tout au moyen de la corde, au milieu de laquelle il attacha un petit morceau de fer afin