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marques sur la beauté de leur nouvelle compagne de travail, Ricarik, qui portait sous son bras un coffret, dit au vieillard : — Je t’apporte de l’or et de l’argent pour fabriquer la ceinture que tu sais, ainsi que le vase de forme grecque ; notre dame Méroflède est impatiente de posséder ces deux objets.

— Ricarik, je vous l’ai dit, ce que vous m’avez déjà apporté, soit en morceaux, soit en sous d’or et d’argent, ne suffit point ; tout est là dans le coffre de fer, dont, ainsi que moi, vous avez la clef. Il faudrait de plus, pour parfaire une de ces belles ceintures d’or, pareille à celles que j’ai vu fabriquer dans les ateliers fondés par l’illustre Éloi, il faudrait une vingtaine de perles et pierreries.

— J’ai ici dans ce sac et cette cassette autant d’or, d’argent et de pierreries qu’il t’en faudra… tiens… — Et Ricardik versa d’abord sur l’établi du vieil orfévre le contenu d’un sac de sous d’argent, puis il tira de la cassette un assez grand nombre de sous d’or, plusieurs lames, aussi d’or, bossuées, comme si elles eussent été arrachées de l’endroit qu’elles ornaient, et enfin, un reliquaire d’or enrichi de pierreries. — Auras-tu ainsi suffisamment d’or et de pierreries ?

— Je le crois ; ces pierreries sont superbes… ce reliquaire est orné de rubis sans pareils.

— Ce reliquaire, donné à notre sainte abbesse, contient un pouce de Saint-Loup.

— Ricarik, lorsque j’aurai déchâssé les rubis et fondu l’or du reliquaire, que ferai-je du pouce ?

— Quel pouce ?

— Le bienheureux pouce du bienheureux Saint-Loup, qui est là-dedans ?

— Eh ! fais-en ce que tu voudras… porte-le en relique !

— Alors, je vivrai deux cents ans au moins.

— Qu’examines-tu là ?

— Ces sous d’argent : quelques-uns ne me semblent pas de bon aloi.