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je viens de découvrir un terrible complot ! mais le jeune prince s’est obstinément refusé à m’accompagner ici…

— Un complot ? ah ! ah ! l’on complote donc dans ton abbaye ?

— Grâce au ciel, seigneur, moi et mes frères nous sommes étrangers à cette indigne trahison ; les coupables sont de misérables esclaves qui seront châtiés selon leurs mérites.

— Explique-toi, dépêchons !

— D’abord, seigneur, je dois vous apprendre qu’à l’arrivée du jeune prince en ce couvent, le comte Hugh, qui l’avait amené, me recommanda de mettre auprès de l’enfant une jeune esclave, jolie s’il était possible, et surtout provoquante… à cette fin que…

— Oui, oui, une éducation à la façon de celle que la vieille Brunehaut donnait à ses petits-fils… Le comte Hugh a dépassé mes ordres, et toi, saint homme, tu n’as pas rougi de te faire l’entremetteur de cette infamie ?…

— Ah ! seigneur ! quelle abomination ! les deux enfants sont restés purs comme des anges…

— Et cela malgré toi… mais ce complot ?

— L’on avait donc placé, seigneur, une jeune esclave auprès du petit prince ; cette fille, innocente créature jusqu’à son crime d’aujourd’hui, je dois l’avouer, s’est, ainsi que son père et sa mère, apitoyée sur le sort de Chilpérik ; ils ont ouvert l’oreille à des propositions détestables, et cette nuit même, au moyen de cette corde (le moine la tira de dessous son froc), l’enfant devait s’évader de sa chambre, grâce à la complicité de l’esclave-portier, puis rejoindre des fidèles du feu roi Thierry, cachés dans les environs du couvent.

— Ah ! ah !… le vieux parti royal se remue ? On me croyait pour longtemps occupé à la guerre contre les Arabes ! l’on voulait rétablir la royauté en mon absence ? Mais Karl va vite, fait vite et revient vite… Continue.

— Tout à l’heure, en entrant chez le jeune prince, mes soup-