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amis de votre père sont dans les environs… ils viendront durant cette nuit et celle de demain attendre avec les chevaux, non loin des murs du couvent…

— Septimine, j’aurai le courage de descendre…

— Un dernier mot, Chilpérik, — dit la jeune fille d’une voix triste et émue : — Ma mère, mon père et moi nous nous exposons à des peines terribles, à la mort peut-être… en favorisant votre fuite ! nous n’avons d’autre intérêt à cela que la pitié que vous nous faites… lorsque l’on a proposé à mon père d’aider à votre évasion, on lui a offert de l’argent ; il a refusé, disant : « — Je ne veux d’autre récompense que la satisfaction de contribuer à la délivrance de ce pauvre petit, qui est toujours triste ou pleurant depuis dix-huit mois, et qui périrait ici de chagrin. »

— Oh ! sois tranquille ; quand je serai roi comme mon père, je te ferai de beaux présents.

— Je n’ai pas besoin de vos présents ; vous êtes un enfant très à plaindre ; voilà ce qui nous touche, et comme disait mon père, qui sait bien des choses, quoique esclave : « — Ce n’est pas parce que ce pauvre petit est fils de roi qu’il m’intéresse, car, après tout, il est de la race de ces Franks qui nous tiennent en esclavage, nous autres Gaulois, depuis Clovis ; non, je veux tâcher de le sauver parce qu’il me fait peine à voir… » — Songez-y, Chilpérik, la moindre indiscrétion de votre part attirerait sur nous de terribles malheurs.

— Septimine, je te le promets, je ne dirai rien à personne, j’aurai du courage, et cette nuit même, je tâcherai de fuir pour aller rejoindre les amis de mon père. Oh ! quel bonheur ! — ajouta l’enfant en frappant dans sa main, — quel bonheur ! demain je serai libre… je redeviendrai Roi comme mon père…

— Attendez pour vous réjouir que vous soyez hors d’ici… Maintenant, écoutez-moi bien : on vous enferme toujours après la prière du soir ; la nuit est alors tout à fait noire ; il vous faudra attendre