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— Pourquoi cela ?

— Pour voir si l’élévation de cette croisée à terre vous semble très-effrayante…

Chilpérik regarda au dehors et répondit : — C’est très-haut, Septimine.

— Très-haut ? il y a là peut-être huit à dix pieds au plus… Supposez qu’une corde garnie de gros nœuds soit attachée à cette barre de fer que voilà… auriez-vous le courage, la nuit, de descendre le long de cette corde ?

— Moi, Septimine… oh ! mon Dieu !

— Vous auriez peur ?

— Hélas !

— Êtes-vous peu courageux… Je n’aurais pas peur, moi qui ne suis qu’une fille…

L’enfant regarda de nouveau par la fenêtre et reprit en réfléchissant : — Tu as raison… c’est moins élevé que cela ne me l’avait paru d’abord ; mais cette corde, Septimine, comment me la procurer ? et puis lorsque je serais en bas… pendant la nuit ? que ferais-je !

— Au bas de cette fenêtre vous trouveriez mon père, il vous jetterait sur les épaules la mante à capuchon que je porte habituellement ; je ne suis guère plus grande que vous ; en croisant bien la mante et rabaissant le capuchon sur votre visage, mon père pourrait, la nuit aidant, vous faire passer pour moi, traverser l’intérieur du couvent, regagner sa loge au dehors ; là des amis de votre père vous attendraient avec des chevaux ; vous partiriez vite, vous auriez toute la nuit devant vous, et le matin quand on s’apercevrait de votre fuite, il serait trop tard pour courir après vous… Maintenant, répondez, aurez-vous le courage de descendre par cette fenêtre pour regagner votre liberté ?

— Ô Septimine ! j’en ai fort envie, mais…

— Mais vous avez peur… Fi ! un grand garçon comme vous !

— Et cette corde qui me la donnerait ?

— Moi… Répondez : êtes-vous décidé ? Il faut vous hâter, les