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— Quoi ! vous allez recommencer à pleurer, malgré vos promesses ?

— Non, Septimine… non je ne pleure pas.

— Ce méchant Karl-Marteau vous a donc fait conduire en ce couvent pour régner à votre place, comme il régnait, dit-on, à la place de votre père.

— Il y a pourtant en ce pays des Gaules assez de chiens, de faucons, de chevaux, d’esclaves pour que ce Karl en ait sa suffisance, et moi la mienne.

— Oui… si régner c’est seulement avoir toutes ces choses… mais moi, pauvre fille, je n’en sais rien. Voilà seulement ce que je sais : votre père avait des amis qui sont les ennemis de Karl-Marteau, et ils voudraient vous voir hors de ce couvent.

— Et moi aussi, va, Septimine, je voudrais être hors d’ici !

Après un moment d’hésitation la jeune fille, cessant de filer, dit au jeune prince d’une voix plus basse encore et regardant autour d’elle comme si elle eût craint d’être entendue : — Vous voulez sortir de ce couvent… cela dépend de vous.

— De moi ! — s’écria Chilpérik, — et comment faire ?

— De grâce, ne parlez pas si haut, — reprit Septimine avec inquiétude en jetant les yeux sur la porte. — Je crains toujours que quelqu’un soit là… à épier… — Puis se levant elle alla sur la pointe du pied écouter à la porte et regarder par le trou de la serrure. Rassurée par cet examen, Septimine revint prendre sa place, se remit à filer, et dit à Chilpérik : — Durant le jour vous pouvez vous promener dans le jardin ?

— Oui, mais ce jardin est entouré d’une clôture, et je suis toujours suivi d’un moine ; aussi j’aime mieux rester dans cette chambre que de me promener.

— Le soir on vous renferme ici…

— Et un moine couche au dehors à ma porte.

— Regardez un peu par cette fenêtre.