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nous avons été instruits de son approche ; dans deux jours peut-être les Franks seront sous les murs de Narbonne. Abd-el-Malek, notre nouvel émir, venu d’Espagne, pense, et je partage cet avis, que nos troupes doivent aller à la rencontre de Karl… Nous partons ; la bataille sera sanglante : peut-être Dieu voudra-t-il m’envoyer la mort dans ce combat ; voilà pourquoi je viens te dire : Rosen-Aër, il se peut que nous ne nous voyions plus… Si tel est le dessein de Dieu, que deviendras-tu ?

— Vous le savez, la mort de mon époux et de mon frère m’a brisée ; un espoir insensé de retrouver mon enfant me rattache seul à la vie… Plus d’une fois vous m’avez généreusement offert, non-seulement la liberté, mais de l’or, mais un guide pour voyager à travers les Gaules à la recherche de mon fils ; mais le courage, mais la force m’ont manqué, ou plutôt ma raison m’a démontré la folie d’une pareille entreprise au milieu des guerres civiles qui désolent ce malheureux pays… Aussi mes jours se passent à gémir sur la vanité de mes espérances, et cependant à espérer malgré moi ; si je ne dois plus vous revoir, si je dois quitter cette maison, où j’ai du moins pu pleurer en paix, à l’abri des hontes et des misères de l’esclavage, j’ignore ce que je deviendrai : si ma triste vie m’est trop pesante… je m’en délivrerai…

— Je ne veux pas que toi, qui as été une seconde mère pour mon fils, tu te désespères ainsi. Rosen-Aër, voici ce que je crois sage : Pendant mon absence, tu quitteras Narbonne.

— Pourquoi cela ?

— Nous allons à la rencontre des Franks ; notre armée est vaillante, mais la volonté de Dieu est immuable ; ils peuvent nous vaincre, nous poursuivre, mettre le siège devant cette ville et la prendre. Alors, toi, ainsi que tous les habitants, vous serez exposés au sort de ceux qui se trouvent dans une ville enlevée d’assaut : ce sort, c’est la mort ou l’esclavage. Pour ne pas t’exposer à ces maux, je t’offre de te faire conduire à quelques lieues d’ici, dans un lieu