— Il n’en est pas un…
— On nous appelle Loups, et les loups ne se dévorent pas entre eux…
— Et ces enfants, qu’ils voulaient égorger, docte Symphorien, étaient-ils jeunes ?
— L’un avait dix ans, l’autre sept…
— Pauvres petites créatures… les tuer ainsi lâchement !…
— Je poursuis mon récit : « Clotaire arrive à Paris, se concerte avec son frère, et tous deux vont dire à la vieille reine Clotilde : Envoie-nous tes petits-fils pour que nous les déclarions devant le peuple héritiers du royaume de leur père (B). »
— Ah ! ces rois franks, touiours aussi rusés que féroces ! car c’était un leurre, n’est-ce pas, docte Symphorien ?
— Tu vas voir…
« La veuve de Clovis, toute joyeuse, envoya les petits-fils à leurs oncles, en disant à ces enfants : — Je croirai n’avoir pas perdu mon fils, votre père, si je vous vois lui succéder dans son royaume. — À peine arrivés chez leurs oncles, les enfants sont arrêtés et séparés de leurs esclaves et de leurs gouverneurs. Aussitôt, Clotaire et Childebert envoient un émissaire à leur mère ; il portait d’une main des ciseaux, de l’autre une épée nue ; il dit à la vieille reine Clotilde : — Très-glorieuse reine, nos seigneurs tes fils désirent connaître ta volonté à l’égard de tes petits-fils… veux-tu qu’ils soient tondus (c’est-à-dire enfermés dans un couvent) ou veux-tu qu’ils soient égorgés ?… — S’ils doivent renoncer au trône de leur père ! — s’écria la vieille reine indignée, — j’aime mieux les voir morts que tondus… — L’émissaire revint dire aux deux rois : — Vous avez l’aveu de la reine pour achever l’œuvre commencée… — Aussitôt le roi Clotaire prend le plus âgé par les bras, le jette contre terre, et lui enfonce un couteau sous l’aisselle. »
— Pauvre cher petit ! — murmura Odille en fondant en larmes ; — il a dû mourir en appelant sa mère…