— Ô notre évêque, — reprirent les vieilles, se frappant la poitrine, — saint, trois fois saint parmi les saints !… grâces te soient rendues !…
— Écoutez-moi, pauvres brebis, qui prenez le boucher pour le pasteur, — leur dit Ronan. — Si à l’instant vous ne profitez pas de ces dons, nous pendons, à vos yeux, votre évêque à cet arbre.
— Voici une corde, — dit Dent-de-Loup.
Et il la passa au cou de Cautin.
— Chères filles, emportez tout ! prenez tout ! — s’écria le prélat en se débattant. — Je vous adjure, je vous ordonne, moi, votre père en Christ, d’emporter ce butin sur l’heure !
Une des vieilles obéit promptement ; les deux autres restèrent agenouillées en disant :
— Tu veux nous éprouver, grand évêque !
— Mais ces païens vont me pendre…
— Un saint homme comme toi ne craint pas le martyre.
— Non, mes filles, je ne le crains pas… mais je me sens encore indispensable au salut de mon troupeau… Emportez donc ce butin, vous dis-je, sinon je vous damne ! je vous excommunie, maudites vieilles ! vous répondrez de ma mort devant le Seigneur au jour du jugement !…
— Saint évêque, tu veux nous éprouver jusqu’à ta fin ; tu nous as dit : Toucher aux biens de l’Église, c’est péché mortel… Voudrais-tu nous commander un péché mortel ?
— Non, non, — reprit l’autre vieille en se frappant à grands coups la poitrine, — tu ne veux pas nous commander un péché mortel… c’est le martyre que tu veux…
— Et de là-haut tu nous béniras, Saint-Cautin, grand Saint-Cautin ! glorieux martyr !
— Évêque, tu entends ces pauvres vieilles ? tu as semé, tu récoltes… Allons, mes Vagres, haut la corde !
L’ermite s’interposait encore, afin de protéger le prélat, lorsque