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témoignage du chambrier de l’évêque et du leude, portait que Neroweg, comte du roi d’Auvergne en la ville de Clermont, donnait en rémission de ses péchés à l’église, représentée par Cautin, évêque de cette ville, cent arpents de prairie, vingt sous d’or, et une esclave filandière, âgée de quinze ans, nommée Odille. Après quoi l’évêque, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, donna au comte frank l’absolution de son fratricide et trois grands coups à boire pour le réconforter.

— Sigefrid, — dit le comte au leude en étouffant un dernier soupir de regret, — sois bon compagnon ; va au burg ; tu prendras en croupe la petite Odille la filandière, et tu la rapporteras ici.




Les Vagres sont arrivés non loin de la villa épiscopale.

— Ronan, les portes sont solides, les fenêtres élevées, les murailles épaisses… Comment entrer chez l’évêque ? — dit le Veneur. — Tu nous as promis de nous conduire au cœur de la maison… moi, j’irai droit au cœur de l’évêchesse.

— Frères, voyez-vous à quelques pas, au pied de la montagne, ce petit bâtiment entouré de colonnes ?

— Nous le voyons… la nuit est claire.

— Ce bâtiment était autrefois une salle de bains d’eaux thermales, dont la source chaude venait de ces montagnes… De la villa où nous allons, on se rendait à ces thermes par un long souterrain. L’évêque a fait détourner la source, et le bâtiment il l’a changé en une chapelle consacrée au grand Saint-Loup… Or, mes bons Vagres, par le souterrain nous entrerons au cœur de la villa épiscopale sans trouer de murailles, sans briser portes ou fenêtres… Si j’ai promis, ai-je tenu ?

— Comme toujours, Ronan… tu as promis, tu as tenu.

On entre dans les anciens thermes changés en chapelle ; il y fait noir, très-noir… Une voix sort de l’ombre :