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c’était la part du butin du guerrier frank, il ne la tenait, disait-il, que de son épée. Ainsi, un chef pouvait posséder à la fois des terres saliques qui ne relevaient que de lui, et des terres bénéficiaires, temporaires, à vie ou héréditaires, qu’il devait à la générosité royale, et qui devenaient, en raison même de ce don, plus ou moins tributaires de la royauté.



CHAPITRE II.


(A, B, C, D, E) Le récit du meurtre des enfants de Clodomir, par Clotaire et son frère, ainsi que le miracle opéré par l’intercession de saint Martin à la prière de la reine Clotilde, sont textuellement extraits de Saint-Grégoire, évêque de Tours, déjà cité. (Histoire ecclésiastique des Franks, t. I, liv. Il et III, ch. XVI, XVIII et suivants.)


(F, G) « Il ne faut pas croire (dit M. Guizot dans son Histoire de la civilisation en France, vol. I, p. 398), que les moines aient toujours été des ecclésiastiques, qu’ils aient fait essentiellement partie du clergé… Non-seulement on regarde les moines comme des ecclésiastiques, mais l’on est tenté de les regarder comme les plus ecclésiastiques de tous ; c’est là une impression pleine d’erreurs ; à leur origine et au moins pendant deux siècles, les moines n’ont pas été des ecclésiastiques, mais de purs laïques réunis sans doute par une croyance religieuse, mais étrangers au clergé proprement dit. Les premiers moines ou ascètes se retirèrent loin du monde et allèrent vivre dans les bois ou la solitude ; puis vinrent les ermites, les anachorètes, c’est le second degré de la vie monastique ; plus tard les ermites se rapprochèrent, habitèrent et travaillèrent en commun, formèrent les premières communautés et bâtirent des monastères, de là le nom de moines… Beaucoup de moines laïques remuaient le peuple par leurs prédications ou l’édifiaient par le spectacle de leur vie ; de jour en jour on les prenait en plus grande admiration, en respect ; l’idée s’établissait que c’était là la perfection de la conduite chrétienne ; on les proposait pour modèles au clergé, et pourtant c’étaient des laïques, conservant une grande liberté, ne faisant point de vœux, ne contractant point d’engagements religieux ; toujours distincts du clergé, souvent même attentifs à s’en séparer. » (Hist. de la civil., vol. I, p. 4 13.)

Ce passage de Cassien (De instit. Cœnob. IX, 17) donne une singulière preuve de l’antagonisme qui exista si longtemps entre les moines laïques et les évêques :

« C’est l’ancien avis des Pères, avis qui persiste toujours, qu’un moine doit à tout prix fuir les femmes et les évêques, car ni les femmes ni les évêques ne permettent au moine qu’ils ont une fois engagé dans leur familiarité, de se reposer en paix dans sa cellule, et d’attacher ses yeux sur la doctrine pure et céleste en contemplant les choses saintes. »

Si beaucoup de moines, séduits par les promesses des évêques, qui redoutaient leur influence et leur popularité, entraient dans le corps du clergé, beaucoup d’autres refusèrent longtemps et si obstinément qu’un évêque de Chypre, saint Éphiphane, eut recours