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le corps entier du clergé, depuis le simple clerc jusqu’à l’archevêque, s’en étaient exemptés, mais ils les présidaient conjointement avec le préfet de la ville, sous les Romains et avec le comte, pendant les premiers temps de la conquête franque. (Voir Code Théodosien, liv. VI, tit. XXII ; liv. II, Théorie des lois politiques de la France ; liv. I, Preuves, p. 544, cités par M. Guizot ; Essais sur l’histoire de France, p. 19.)


(K) Ainsi que nous l’établirons dans l’une des notes suivantes, les évêques réunis en concile tendaient de plus en plus à dominer les moines laïques et à les absorber dans l’Église ; ainsi le concile d’Orléans (553) décrète : « Qu’il ne soit point permis aux moines d’errer loin de leur monastère, sans la permission de l’évêque du diocèse. »


(L et M) Voir dans la lettre précédente l’épisode de KARADEUK le Bagaude et RONAN le Vagre, le passage relatif à l’abominable brutalité d’un seigneur Frank, textuellement extrait de saint Grégoire, évêque de Tours, ainsi que la férocité de l’évêque Cautin, enfermant un vivant avec un mort en putréfaction.


(N) La portion du sol que Clovis et ses descendants accordèrent aux chefs de bandes et à leurs leudes qui l’avaient suivi dans la conquête de la Gaule s’appelait un bénéfice. Il existait des terres données à bénéfices de plusieurs sortes : 1o des bénéfices qui pouvaient être arbitrairement révoqués par le donateur ; 2o des bénéfices temporaires ; 3o des bénéfices concédés à vie ; 4o des benéfices héréditaires. Les obligations des bénéficiers, soit temporaires, soit viagers, soit héréditaires, demeurèrent longtemps exprimées par le mot vague de fidélité. Fidélité qui se résumait généralement par ces obligations : 1o les dons d’argent que le bénéficier faisait au roi, soit à l’époque où il convoquait ses fidèles au Champ-de-Mars, soit lorsqu’il venait passer quelque temps dans la province où était situé le bénéfice (Annal. Hildesh. a. 750 ; ap. Leibnitz Script. Rer. Brunswik ; ap. Guizot, Des institutions politiques en France, du cinquième au dixième siècle, p. 66) ; 2o la fourniture des denrées, moyens de transport, logement, etc., à fournir, soit aux envoyés du roi, soit aux envoyés étrangers qui traversaient la contrée se rendant vers le roi ; 3o l’obligation du service militaire ; en d’autres termes, l’obligation de suivre le roi à de nouvelles expéditions guerrières. Expéditions qui avaient pour but l’envahissement de nouvelles terres ou le pillage ; ainsi Theodorik, petit-fils de Clovis, dit à ses leudes :

« Suivez-moi en Auvergne, je vous conduirai dans ce pays, où vous prendrez de l’or et de l’argent autant que vous en pourrez désirer ; où vous trouverez en abondance du bétail, des esclaves, des vêtements. Theodorik se prépara donc à passer en Auvergne, promettant de nouveau à ses guerriers qu’ils transporteraient dans leur pays tout le butin et aussi les hommes. » (Grégoire de Tours, liv. III, ch. Il.)


(O) On appelait terre salique ou militaire, la portion du sol dont un chef de bande s’était emparé par la force, ou avait reçu en partage au moment de la conquête ; ces terres n’étaient soumises à aucune redevance honorifique ou matérielle envers le roi ;