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d’Amandus, empereur, César, Auguste, pieux et heureux, avec ce mot au revers : Espérance. »

Ælius et Amandus (Aelian et Amand) concentrèrent leurs forces aux environs de Paris, un peu au-dessus du confluent de la Seine avec la Marne. Ils avaient là, pour place d’armes, un château d’un abord presque inaccessible et qui, suivant la tradition, avait été bâti et fortifié par Jules César. De ce point ils lançaient leurs bandes non-seulement sur les campagnes, mais encore sur les villes les plus populeuses ; c’est ainsi qu’ils se jetèrent sur Autun. Après leur apparition il ne resta de cette belle cité, l’un des centres de la civilisation romaine, qu’un monceau de ruines. L’insurrection gauloise devint si grave que le nouveau chef de l’empire crut nécessaire d’envoyer dans la Gaule son collègue Maximien. Celui-ci n’avait point le génie politique de Dioclétien, mais c’était un brave soldat et un général habile ; il vint facilement à bout des troupes indisciplinées d’Ælianus et d’Amandus. Il les força enfin dans leur château qu’il détruisit. Ce fut en cet endroit que s’éleva plus tard l’Abbaye de Saint-Maur des Fossés. Ainsi fut réprimée et vaincue la première Bagaudie. De la seconde Bagaudie date l’affranchissement de la Bretagne.

On voit reparaitre les Bagaudes à la fin du régne de Valentinien Ier. Cette fois, ils n’essayent point de se réunir en une grande armée : ils se cachent dans les bois, par petites troupes ; c’est de là qu’ils s’élancent pour chercher le pain qui leur manque, ou pour se venger des magistrats romains, leurs oppresseurs. Valentinien ordonna contre eux d’actives poursuites : on parvint encore à les faire disparaître. Tous ceux qui tombèrent aux mains des soldats impériaux périrent dans les plus affreux supplices. Le peuple devait les honorer plus tard comme des saints et des martyrs.

Enfin, il y eut encore une insurrection des Bagaudes au commencement du cinquième siècle. Ce fut au moment de la grande invasion quand les Alains, les Suèves, les Burgondes et les Vandales, après avoir forcé la barrière du Rhin, se jetèrent sur la Gaule et portèrent la dévastation dans ses plus belles provinces. Cette insurrection de Bagaudes, sur laquelle nous n’avons point de détail, est la dernière dont les documents anciens fassent mention. Il n’y eut, plus tard, dans les campagnes, que des soulèvements partiels qui ne rappellent en rien l’ancienne Bagaudie. Le nom même de Bagaude disparut peu à peu : à la fin du cinquième siècle, on se servait déjà de mots germaniques pour désigner non point seulement les Barbares, mais encore les Gallo-Romains qui, réunis par troupes, pillaient et ravageaient les terres qui avaient appartenu autrefois à l’Empire.


CHAPITRE PREMIER


(A) Le nom de Warg qui signifie loup, tête de loup, était donné, dans l’ancienne Germanie, au banni, au proscrit, Le vagabond qui errait sans feu ni lieu, quoique non proscrit, était appelé dans les lois germaniques wargangus. On appelait parfois vargus ou wagre l’exilé.

Voyez J. Grimm et M. Michelet qui a reproduit les recherches du savant Allemand dans l’ouvrage intitulé les Origines du droit français.

Plusieurs textes anciens prouvent que dès le commencement des invasions franques, on