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NOTES.




LA GARDE DE POIGNARD.


PROLOGUE.


(A) M. Amédée Thierry, dans son Histoire de la Gaule sous l’administration romaine, t. II, p. 474, nous donne les détails suivants sur les origines des Bagaudes et de la Bagaudie:« Pressurés par les propriétaires que pressuraient à leur tour les agents du fisc, les paysans (gaulois) avaient quitté par troupes leurs chaumières pour mendier un pain qu’on ne pouvait pas leur donner. Rebutés partout et chassés par les milices des villes, ils se faisaient bandits ou Bagaudes, mot gaulois équivalant au premier ; ils allaient en Bagaudie, suivant l’expression consacrée. On vit dans des cantons entiers les colons se réunir, tuer et manger leur bétail, et, montés sur leurs chevaux de labour, armés de leurs instruments de culture, fondre sur les campagnes comme une tempête. Rien n’échappait à ces bandes affamées qui laissaient, après leur passage, stérile et nue, la terre que leurs sueurs devaient féconder. Les champs ravagés, ils passèrent aux villes, dont une populace, amie du pillage et non moins misérable, leur ouvrait souvent les portes. Cette misère était si générale en Gaule, il y avait là tant d’habitudes de désordre, tant d’instincts violents, qu’en peu de mois les Bagaudes formèrent une armée qui s’organisa et conféra à ses deux principaux chefs les titres de César et d’Auguste. Ces singuliers Césars, qui avaient pour peuple des voleurs, pour empire la terre qu’ils dévastaient, pour pallium des haillons, et pour palais les forêts et la voute du ciel, se nommaient Ælian et Amand. Ils ne résistèrent pas à l’orgueil de se faire frapper des médailles dont quelques-unes nous sont restées. L’une d’elles présente la tête radiée