Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/318

Cette page a été validée par deux contributeurs.

affligeant, mettons-y fin ; la porte de ce monastère est ouverte à ceux qui s’y présentent en amis, mais elle se ferme devant ceux qui s’y présentent en ennemis et en maîtres, au nom de prétentions d’une folle iniquité… Donc, retire-toi d’ici…

— Oui, oui, va-t’en d’ici, archidiacre du diable ! — dirent plusieurs voix, — ne trouble pas plus longtemps notre fête ! tu pourrais t’en repentir.

— Une rébellion ! des menaces ! — s’écria l’archidiacre. — Gondowald, — ajouta le prêtre en s’effaçant, pour laisser pénétrer dans l’intérieur de la cour le chef des guerriers franks, — vous savez les ordres de la reine…

— Et sans tes lenteurs, ces ordres depuis longtemps seraient exécutés ! À moi, mes guerriers… garrottez ce vieux moine, et exterminez cette plèbe si elle bronche !

— À moi, mes enfants ! assommez ces Franks ! et vive la vieille Gaule !

Qui parlait ainsi ? le vieux Ronan, suivi d’une trentaine de colons et de moines laboureurs, hommes résolus, vigoureux et parfaitement armés de lances, de haches et d’épées. Ces bonnes gens, sortant sans bruit de l’enceinte du monastère par la cour des étables, avaient, sous les ordres de Ronan, fait le tour des bâtiments extérieurs jusqu’à l’angle du mur de clôture ; là, ils s’étaient tenus cois et embusqués, jusqu’au moment où Gondowald avait appelé à lui ses guerriers. Alors sortant de leur embuscade, les gens de Ronan s’étaient à l’improviste précipités sur les Franks. Au même instant, Grégor, accompagné d’une troupe déterminée, non moins nombreuse et bien armée que celle de son père, sortait des bâtiments intérieurs du monastère, se faisait jour à travers la foule, dont était remplie la cour, et s’avançait en bon ordre. L’archidiacre, Gondowald et leur escorte de vingt guerriers se trouvèrent ainsi enveloppés par une soixantaine d’hommes résolus, et il faut leur rendre cette justice, animés d’intentions très-malveillantes pour la peau des Franks. Ceux-ci, pressentant