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la Gaule, leurs louveteaux… Donc, ce Chilpérik, quoique marié à Andowère, avait, parmi ses nombreuses concubines, une esclave franque d’une beauté éblouissante, et douée, dit-on, d’un charme de séduction irrésistible ; elle se nommait Frédégonde… Il en devint si épris, que pour jouir plus librement encore de la possession de cette esclave, il répudia sa femme Andowère, qui mourut plus tard en un couvent ; mais bientôt las de Frédégonde, il fut jaloux d’imiter son frère : Sigebert, qui s’était marié à une princesse de sang royal, nommée Brunehaut, fille d’Athanagild, roi de race germanique comme les Franks, et dont les aïeux avaient conquis l’Espagne comme Clovis la Gaule. Chilpérik demanda donc et obtint la main de la sœur de Brunehaut, nommée Galeswinthe… L’on ne pouvait voir, disait-on, une figure plus touchante que celle de cette jeune princesse, et la bonté de son cœur égalait l’angélique douceur de ses traits. Lorsqu’il lui fallut quitter l’Espagne pour venir en Gaule épouser Chilpérik, la malheureuse créature eut des pressentiments de mort… ces pressentiments ne la trompaient pas… Après six ans de mariage, elle était étranglée dans son lit par son époux Chilpérik (D).

— Comme Wisigarde, quatrième femme de Neroweg, avait été étranglée par ce comte frank, dont la race existe encore, dit-on, en Auvergne… Rois et seigneurs franks ont les mêmes mœurs… c’est de race…

— Infortunée Galeswinthe !… Et pourquoi tant de férocité de la part de son mari Chilpérik ?

— Un moment apaisée, la passion de Chilpérik pour son esclave Frédégonde s’était réveillée plus ardente que jamais, et il avait étranglé sa femme afin d’épouser sa concubine… Voici donc Frédégonde mariée à Chilpérik après le meurtre de Galeswinthe, et devenue l’une des reines de la Gaule. Il est d’étranges contrastes dans les familles : Galeswinthe était un ange, Brunehaut, sa sœur, mariée à Sigebert, était une créature infernale ; d’une rare beauté, d’un caractère de fer, vindicative jusqu’à la férocité, d’une ambition impitoyable et d’une