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et aussi celui de notre ancêtre Joel, le brenn de la tribu de Karnak, en joignant le récit précédent à notre légende. Ronan m’a promis, dans le cas où il lui arriverait quelque événement important, de m’en instruire s’il trouvait un voyageur qui se rendît en Bretagne ; ce récit, il l’adresserait soit à moi, soit à toi, mon fils aîné, Yvon, si à cette époque j’avais quitté ce monde.

Puisse Ronan, le fils de mon frère, arriver sain et sauf dans la vallée de Charolles et y retrouver sa famille heureuse et tranquille, ainsi qu’il l’a laissée !

Si avant ma mort je n’ai rien à ajouter à notre chronique, moi Kervan, je te lègue, à toi mon fils Yvon, ces parchemins et nos reliques de famille.




Moi, Yvon, fils de Kervan, petit-fils de Jocelyn, j’inscris ici très tristement la mort de mon père : il est allé revivre dans les mondes inconnus, vers la fin de ce mois de juin 561. — Nous avons appris par des voyageurs qu’en cette même année est mort à Compiègne le roi Clotaire, dans la cinquante et unième année de son règne ; il a été enterré dans la basilique de Saint-Médard, à Soissons, église magnifique qu’il avait fait construire. Les évêques ont chanté les louanges de ce monstre couronné comme ils avaient chanté celles de son père Clovis.

Clotaire laisse quatre fils : Caribert, roi de Paris ; Gontran, roi d’Orléans ; Sigebert, roi d’Astrasie, contrées qui avoisinent le Rhin et s’étendent aussi vers le nord-est de la Gaule ; Chilperik réside à Soissons et règne en Neustrie, territoire qui comprend la plus grande partie des provinces nord-ouest de la Gaule ; ce Chilperik, ainsi que nous l’avait dit Ronan, le neveu de mon père, annonce devoir être le plus cruel des quatre fils de Clotaire.