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— Ce Chram ne mérite pas de pitié… mais cette jeune femme… mais ces deux petites filles… ainsi brûlées vives… Ah ! Ronan… tu l’as dit : cette race de Clovis semble fatalement née… pour épouvanter le monde…

— La flamme devint tellement intense que le roi Clotaire et sa suite, obligés de reculer devant l’ardeur de cet immense brasier, disparurent à mes yeux, je ne vis plus que la cabane en flammes ; les cris des victimes avaient cessé, le toit s’effondra avec fracas, et au bout de quelques instants un énorme monceau de cendres et de débris brûlants avait remplacé la cabane. Le roi Clotaire reparut alors, il fit un geste ; plusieurs guerriers, à l’aide de leurs longues lances, écartant la cendre et les charbons du brasier à demi éteint, découvrirent à ma vue d’informes débris humains à demi consumés… c’étaient les restes de Chram, de sa femme et de ses petites filles ; ces débris humains, Clotaire les contempla longtemps en silence. Puis la nuit venue, on lui amena son grand cheval noir ; il l’enfourcha et disparut avec sa suite (F). Vous le voyez, Kervan ! ce glorieux roi Clotaire, protégé par les miracles du Dieu des catholiques, couronnait sa vie en faisant brûler vifs son fils, sa femme et ses deux enfants, invoquant pieusement le souvenir de David et d’Absalon !

— Il y a, Ronan, des hasards étranges ; je me rappelle avoir lu dans ton récit que lorsque mon frère Karadeuk se fut introduit dans le burg du comte Neroweg, espérant te délivrer, toi et Loysik, ce Chram dit à Karadeuk : — qu’il jurait sa foi de roi de soumettre cette maudite Bretagne indomptée à la domination franque !… — et c’est sur les frontières de notre vieille Armorique, toujours indépendante, que lui et sa famille innocente ont trouvé une mort horrible… Mais du moins cette infâme postérité de Clovis est-elle éteinte par le meurtre de Chram, son petit-fils ? Est-ce que pour le malheur de la Gaule il resterait d’autres fils à Clotaire ?

— En cette année 560 où nous sommes, Clotaire a encore quatre