vaux richement caparaçonnés, gardés par plusieurs esclaves ; trois de ces montures, dont une petite haquenée, portaient des selles de femmes.
— Singulière rencontre en ce pays solitaire… Et à qui appartenaient ces chevaux ?
— À Chram… Sa femme et ses deux filles se trouvaient dans cette cabane… Une barque était amarrée au rivage, et à trois portées de trait, un vaisseau léger se tenait prêt à mettre sous voile.
— Tu m’as parlé des moyens de fuite que le fils de Clotaire s’était ménagés en cas de fuite ? Ce vaisseau l’attendait sans doute, lui et sa famille ?
— Oui, ce vaisseau l’attendait… Mes deux compagnons et moi, nous hésitions à entrer dans cette cabane, lorsque la porte s’ouvrit, et au seuil apparut une jeune femme richement vêtue : deux petites filles l’accompagnaient ; l’une, de cinq ou six ans, se tenait aux pans de la robe de sa mère ; celle-ci donnait la main à l’autre enfant, âgée d’environ douze ans… La jeune femme paraissait profondément abattue : ses yeux étaient noyés de larmes ; derrière elle je reconnus l’un des trois favoris de Chram, Imnachair ; il assistait à la torture que l’on m’avait fait subir dans le burg du comte Neroweg.
— Cette femme, ces enfants, c’était la famille de Chram ?… Il me paraît toujours étrange que de pareils monstres aient une famille.
— Je faisais la même réflexion que vous, Kervan, lorsque cette jeune femme, remarquant sur nos épaules nos sacs de voyage, nous dit avec anxiété :
« Est-ce que vous venez des environs de Nantes ?
» Oui, madame.
» Avez-vous des nouvelles de la bataille ?
» Non… »
— Alors, se retournant vers Imnachair, la jeune femme reprit avec un redoublement d’anxiété :