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le moment venu, par la civilisation, par le savoir, par la vertu, par le travail, par le réveil de l’antique patriotisme gaulois, non pas mort, mais engourdi au fond de tant de cœurs !

» — Ermite notre ami, comment pouvons-nous combattre nos ennemis autrement que par les armes ? Le pouvons-nous, hommes errants, loups que nous sommes ?

» — Je vous l’ai dit : vos représailles sont légitimes ; la violence appelle la violence ! l’oppression, la révolte ! mais la révolte, rendue toujours nécessaire par l’aveugle iniquité des oppresseurs, n’est qu’un moyen terrible d’atteindre à ce but divin : le bonheur de l’humanité… La révolte déblaye le terrain, le travail, la vertu, la liberté le fécondent. Et pourtant, croyez-moi, mes amis, mes frères, croyez-moi ! l’heure redoutable et sainte des grands soulèvements populaires n’a pas encore sonné… Notre génération, comme celles qui l’ont précédée, a été façonnée par l’Église à subir les horreurs de la conquête avec une résignation impie, oui, impie ! oui, sacrilège ! Quoi ! la rapine, le massacre, la tyrannie étrangère désolent, ravagent, oppriment notre pays ! quoi ! nos conquérants et leurs complices effrayent le monde de leurs forfaits ! quoi ! voir nos pères, nos mères, nos femmes, nos sœurs, nos enfants, subir les hontes, les tortures de l’esclavage, et au nom de l’éternelle justice humaine et divine, ne pas protester par la révolte contre ces iniquités épouvantables ! Ah ! cette soumission, plus criminelle encore qu’imbécile, outrage le ciel et les hommes… Mais, je vous l’ai dit, mes amis, pour que cette révolte porte ses fruits, il faut que, comme nos puissantes insurrections des temps passés, elle soit générale, et elle ne peut, elle ne pourra l’être ni aujourd’hui, ni demain… En doutez~vous ? Voyez le petit nombre d’esclaves qui répondent à votre appel de liberté… Croyez-moi, je vous le répète… non, elle n’a pas sonné, l’heure redoutable et sainte des grands soulèvements populaires… Cette heure, vous la devancez d’un siècle, et plus peut-être… Aussi, malgré votre