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goisse mortelle, — un prêtre ! je ne veux pas mourir sans un prêtre ! j’irais en enfer… Toi qui es assis là-bas, ermite laboureur, le saint évêque Cautin, mon patron, te traitait de renégat ; mais enfin comme moine tu es toujours un peu prêtre, toi… veux-tu m’assister ? et me promettre que je n’irai pas en enfer, mais en paradis ?… Ces chiens, tes compagnons, m’ont volé mes colliers d’or et les sacs que je n’avais pas jetés dans la citerne ; il ne me reste que cet anneau d’or… je te le donne… mais promets~moi, sur ton salut, le paradis…

— Mon père ! — s’écria Loysik, — mon père ! vous ne tuerez pas ainsi cet homme…

— Je ne vous demande pas grâce de la vie, chiens d’esclaves ! je saurai mourir ; mais je ne veux pas aller en enfer, moi ! Ô mon bon patron ! bienheureux évêque Cautin, où es-tu ? où es-tu ? Fais un nouveau miracle… envoie-moi un prêtre !…

— En attendant le miracle, comte Neroweg, prends cette hache.

— Quoi, Karadeuk, tu l’armes ?

— Prends cette hache, comte Neroweg ; j’ai la mienne, défends-toi.

— Mon père ! il est fort comme un taureau sauvage ; il est jeune encore et vous êtes vieux !

— Mon père ! au nom de vos deux fils que vous avez sauvés, renoncez à ce combat…

— Mes enfants, ne craignez rien ; cette hache ne pèse pas à mon bras… J’ai foi dans mon courage ; j’éteindrai en ce Frank la race des Neroweg.

— Oh ! être là, incapable de bouger… ne pouvoir me battre à ta place, ô mon père !

— Mes fils, c’est aux vieux à mourir… aux jeunes de vivre… Neroweg, défends-toi...

— Moi, de race illustre, me battre contre un gueux ! un Vagre ! un esclave révolté ! non…

— Tu refuses ?…

— Oui ! chien bâtard… égorge-moi si tu veux…