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Ils se nomment Thierry, Childebert et Clotaire ; le quatrième, Chlodomir, est mort, dit-on, cette année…

J’ignore le temps qui me reste à vivre et les événements qui m’attendent ; mais en ce jour-ci, je te lègue, à toi, mon fils aîné Kervan, notre légende de famille ; je te la lègue cinq cent vingt-six ans après que notre aïeule Geneviève a vu mourir Jésus de Nazareth.




Moi, Kervan, fils de Joce]yn, mort sept ans après m’avoir légué cette légende, j’y joins les récits suivants ; ils m’ont été rapportés ici dans notre maison, près Karnak, par Ronan, l’un des fils de mon frère Karadeuk, qui s’en était allé, il y a longues années, courir la Bagaudie, l’an qui suivit la mort du roi Clovis… Ces récits contiennent les aventures de mon frère Karadeuk et de ses deux fils Loysyk et Ronan ; ils ont été écrits par Ronan dans la première ardeur de sa jeunesse sous une forme qui n’est point celle des autres récits de cette chronique.

La Bretagne, toujours paisible, se gouverne par les chefs qu’elle choisit ; les Franks n’ont pas osé tenter d’y pénétrer de nouveau… Mais dans le récit de mon neveu Ronan, notre descendance trouvera le secret de ce mystère, que mon grand-père Araïm n’a pas eu le courage d’écrire :

« Comment le peuple gaulois, qui jadis arait su s’affranchir du joug des Romains si puissants, avait-il subi, subissait-il la conquête des Franks, auxquels il est mille fois supérieur en nombre et en courage ? »

Plaise aux dieux qu’il n’en soit pas un jour de la Bretagne comme des autres provinces de la Gaule ! plaise aux dieux que notre contrée, la seule libre aujourd’hui, ne tombe jamais sous la domination des Franks et des évêques de Rome, et que nos druides chrétiens ou non chrétiens continuent de nous inspirer !



fin du prologue.