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sur le fer : Amitié, communauté… Amitié, c’est un bon présage… L’amitié, comme l’amour, me conduit au burg… Sang et massacre ! délivrer du même coup son ami, sa maîtresse !…

— Viens, viens… Ô Ronan ! Loysik ! je vous sauverai tous deux… Ou nous mourrons tous trois !…




Lorsqu’il y a cinq siècles et plus, les Romains possédaient la Gaule conquise, mais non soumise, ils construisaient solidement les ergastules, où la nuit ils renfermaient les esclaves gaulois enchaînés ; voyez plutôt ce souterrain, antique dépendance du camp romain ; la brique et le ciment sont encore tellement liés entre eux, qu’ils forment un seul corps plus dur que le marbre : des hommes munis de leviers, de masses, de ciseaux de fer, et travaillant de l’aube au soir, parviendraient à peine à pratiquer une ouverture dans les parois de cette prison ; la voûte, basse et cintrée, est fermée par d’énormes barreaux de fer… Au dehors veillent un assez grand nombre de Franks armés de haches : les uns debout, les autres assis ou couchés sur la terre ; de temps à autre ils jettent un regard d’envie du côté du burg, situé à cinq cents pas de là ; mais le bâtiment principal est caché à la vue des Franks par la saillie des granges et des écuries, bâties en retour du logis seigneurial, où ces constructions s’appuient.

Pourquoi ces gardiens des prisonniers jettent-ils, du côté du burg, des regards d’envie ? parce que arrivent jusqu’à eux, à travers les fenêtres ouvertes, les cris des buveurs avinés, et, par intervalle, le bruit des tambours et des cornets de chasse ; car l’on festoie chez le comte Neroweg, qui ce soir-là, de son mieux, fête Chram, son royal hôte.

Une lampe de fer, abritée par la saillie du cintre de l’antique ergastule, éclaire les abords du souterrain et en dedans son entrée.

Des pas se font entendre… un leude paraît suivi de plusieurs esclaves, portant des paniers et des cruches.