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— Chram, cet endiablé Ronan et sa bande ont tué neuf de mes plus vaillants leudes ; ils ont pillé, incendié la villa de l’évêque, et il faut que je la reconstruise à mes frais, selon que l’a dit l’Éternel de sa propre bouche… Or, aussi vrai que le grand Saint-Martin est au paradis, ce Vagre n’échappera pas au supplice dû à ses crimes !…

— Qui te dit le contraire ?

— Tu parles de lui faire grâce pour…

— Mais, peu clairvoyant Neroweg, le meurtre accompli, au lieu de compter au Vagre vingt sous d’or… on lui compte cent coups de barre de fer sur les membres, après quoi on l’écartelle ou on le coupe en quartiers… Ah ! cela te fait rire…

— Hi… hi !… oui, cela me rappelle les baudriers et les colliers de faux or, dont ton aïeul, le grand Clovis, paya un jour ses complices, hi… hi… lors du meurtre des deux Ragnacaire, hi, hi… Ce Vagre croira recevoir vingt sous d’or, et il recevra cent coups de barre de fer… hi ! hi !…

— Les hommes déterminés sont rares ; si ce Vagre mène l’affaire à bonne fin pour sa part, avant huit jours mes quatre frères sont tués… et leur mort assure la réussite de mes projets… Ton intérêt comme le mien est de nous servir de ce Vagre…

— Mais l’évêque, qui exprès vient ici pour jouir du supplice de ce bandit ; l’évêque, qui ne sait pas nos projets, ne consentira pas à accorder la grâce de ce Ronan.

— Cautin se consolera de la fuite du Vagre en voyant rôtir l’évêchesse, et supplicier l’ermite laboureur, qu’il exècre non moins que le Vagre…

— Et si le Vagre promet de tuer et qu’il ne tue pas ?

— Et les vingt sous d’or qu’il croira recevoir après le meurtre ?…

— C’est juste… mais sa fuite, comment la favoriser !

— Tu peux assembler ton mâhl dans deux heures ?

— Oui.

— Le jugement et la condamnation aujourd’hui, le supplice de
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