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en te jouant d’un serment si redoutable, risquer d’attirer sur ma maison le feu du ciel… Mais pourquoi désires-tu me rendre si puissant et si riche ?…

— Parce qu’à cela, moi, j’ai intérêt.

— Tu me persuades.

— Veux-tu avoir des domaines égaux à ceux du fils du roi ?

— Je le voudrais.

— Veux-tu avoir, au lieu de ces coffres à moitié vides, dis-tu, cent coffres regorgeant d’or, de pierreries, de vases, de coupes, de patères, de bassins, d’armures, d’étoffes précieuses ?

— Je le voudrais, certes, oh ! je le voudrais !

— Au lieu d’être comte d’une ville de l’Auvergne, veux-tu gouverner toute une province, être enfin aussi riche et aussi puissant que tu peux le désirer ?

— Tu me jures, par l’indivisible Trinité, que tu parles sérieusement ?

— Je te le jure !

— Tu me le jures aussi par le grand Saint-Martin, à qui j’ai une dévotion particulière ?

— Je te jure aussi, comte, par le grand Saint-Martin, que mes offres sont très-sérieuses.

— Alors, explique-toi.

— Mon père Clotaire, à cette heure, guerroie hors de la Gaule contre les Saxons… Je veux profiter de cela pour me faire roi à la place de mon père… Plusieurs ducs et comtes des contrées voisines sont entrés dans mon projet… Seras-tu pour ou contre moi ?

— Et tes frères Charibert, Gontran, Chilperik et Sigibert ? ils ne te laisseront pas le royaume de ton père à toi tout seul ?

— Je ferai tuer mes frères.

— Par qui ?

— Tu le sauras plus tard.