Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.

manger du bout des dents et de regarder au fond des pots, pour s’assurer s’ils étaient propres… Ils se moquaient de notre vaisselle de terre et d’étain…

— Oui, oui… pour que je sorte ma vaisselle d’or et d’argent, afin de m’en dérober quelque pièce.

— Tiens, Neroweg, il pourra couler du sang d’ici à ce soir, si ces insolents nous continuent leurs dédains.

— Heureusement nous tes leudes, les hommes de pied et les esclaves que l’on pourrait armer, nous sommes aussi nombreux que les hommes de Chram.

— Allons, allons, mes bons compagnons, ne vous échauffez pas, chers amis… Si l’on se querelle à table on cassera la vaisselle, et il me faudra la remplacer.

— Neroweg, l’honneur passe avant la vaisselle.

— Certainement, mais il est inutile de provoquer les disputes… Tenez-vous seulement sur vos gardes, et que l’on veille à la porte du gynécée.

— Ce que tu demandes sera fait.

Quelques instants après, le roi Chram et le comte se trouvaient seuls dans la chambre des trésors.

— Comte, quelle est la valeur des richesses renfermées dans ces coffres ?

— Oh ! ils contiennent peu de chose, très-peu de chose… Ils sont fort grands, parce que, ainsi que nous disons en Germanie : « Il est toujours bon de se précautionner d’un grand pot et d’un grand coffre… » mais ils sont presque vides…

— Tant pis, comte… Je voulais doubler, tripler, quadrupler peut-être la valeur qu’ils renferment.

— Tu veux railler ?

— Comte, je désire augmenter au delà de tes espérances ta puissance et tes richesses… Je te le jure par l’indivisible Trinité !

— Alors je te crois ! car après le miracle de ce matin tu n’oserais,