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doute d’introduire dans ce sanctuaire le fils de son roi. Chram, voyant l’hésitation du comte, reprit :

— S’il y a dans ton burg un endroit plus retiré que ta chambre aux trésors, peu m’importe… Allons chez ta femme si tu veux.

— Non… non… viens dans ma chambre aux trésors… Permets seulement que je donne quelques ordres afin que tes gens ne manquent de rien.

Neroweg, tirant alors à l’écart l’un de ses leudes, lui dit :

— Bertefred et toi, Ansowald, bien armés tous deux, vous resterez à la porte du réduit où je vais entrer avec ce Chram… Tenez-vous prêts à accourir à mon premier appel.

— Que crains-tu ?

— La race du glorieux Clovis a beaucoup de goût pour le bien d’autrui, et quoique mes coffres soient fermés à triple serrure et bardés de fer, j’aime autant à vous savoir, toi et Bertefred, derrière la porte.

— Nous y serons.

— Dis, de plus, à Rigomer et à Berthecram de se tenir, armés aussi, à la porte du gynécée ; qu’ils frappent sans merci ceux qui tenteraient de s’introduire auprès de Godégisèle, et appellent à l’aide… Je me défie du Lion de Poitiers, audacieux sacrilège qui ce matin a osé braver le feu du ciel, attiré sur nous par ses impiétés… Les deux autres favoris de Chram ne me semblent ni moins païens ni moins luxurieux que ce lion farouche ; je les crois, à eux trois, capables de tout… comme leur royal maître… As-tu compté le nombre des gens armés qui accompagnent ce Chram ?

— Il n’a amené ici que la moitié de ses leudes… de ses antrustions, comme s’appellent ces hautains qui semblent nous dédaigner, nous autres, parce qu’ils sont les fidèles du fils d’un roi… Ne les valons-nous pas ?… quoique leur peau soit tarifée à six cents sous d’or de Wirgelt et la nôtre à deux cents sous seulement (V).

— Tout à l’heure, — ajouta Bertechram, — ils avaient l’air de