des affligés, pendant que le clerc lui disait, selon la formule adoptée par l’Église :
« — Ô toi qui vas subir le jugement de l’eau froide, je t’adjure, par notre seigneur Jésus-Christ, par le Père, le Fils et le Saint-Esprit, par la Trinité inséparable, par tous les anges, archanges, principautés, puissances, dominations, vertus, trônes, chérubins et séraphins, si tu es coupable, que la présente eau te rejette sans qu’aucun maléfice puisse l’en empêcher, et toi, seigneur Jésus-Christ, montre-nous de ta majesté un signe tel, que si cet homme a commis le crime, il soit repoussé par cette eau, à la louange et à la gloire de ton saint nom, pour que tous reconnaissent que tu es le vrai Dieu !… Et toi, eau ! eau créée par le Père tout-puissant pour les besoins de l’homme, je t’adjure, au nom de l’indivisible Trinité qui a permis au peuple d’Israël de te traverser à pied sec, je t’adjure, eau, de ne pas recevoir ce corps s’il s’est allégé du fardeau des bonnes œuvres… Je te donne ces ordres, eau, confiant dans la seule vertu de Dieu, au nom duquel tu me dois obéissance… Amen (K). »
La consécration terminée par le clerc, les Franks élevèrent au-dessus de leur tête l’esclave gaulois, qui se débattait en criant, et le lancèrent de toute leur force au milieu de la cuve, à la grande risée de l’assistance.
— Hi ! hi ! hi !… Jamais loutre, sautant du creux d’un saule à la poursuite d’une carpe, n’a fait un plus beau plongeon ! — disait le bon seigneur comte en se tenant les côtes tant il riait ; l’assistance, riant aussi à cœur joie, se pressait autour de la cuve, les uns et les autres disant :
— Il surnagera !
— Il ne surnagera pas !
— Comme il bat l’eau !
— Et ces glou… glou… glou !…
— On dirait une bouteille qui s’emplit.