teur et l’accusé, pour affirmer par serment ce qu’ils croient la vérité (H).
— Jugeons ! jugeons ! — dit le comte avec un hoquet. — Toi, mon majordome, redis à cet esclave de quoi le cuisinier l’accuse.
— Justin, esclave cuisinier de notre seigneur le comte, était seul dans la cuisine ; sur la table se trouvait une petite écuelle d’argent, servant à l’usage de dame Godegisèle, noble épouse de notre maître. Pierre, cet autre esclave, est entré dans la cuisine y apportant du bois ; aussitôt après son départ, Justin s’est aperçu que l’écuelle avait disparu ; il est venu me dénoncer, à moi, majordome, le larcin dont il accuse Pierre ; à quoi je lui ai dit qu’il aurait, lui, Justin, une oreille coupée si l’écuelle ne se retrouvait point ; à quoi il m’a répondu qu’il jurait par le salut de son âme avoir dit vrai, et que le larron était cet esclave-ci.
— Et je le répète encore, seigneur comte, si l’écuelle a été dérobée, elle n’a pu l’être que par Pierre que voici… Je le jure sur mon paradis ! je suis innocent ; mes conjurateurs sont prêts à le jurer comme moi sur leur salut.
— Oui, oui… — reprirent en chœur les six esclaves, — nous jurons que Justin est innocent du larcin… nous le jurons sur notre salut…
— Tu entends, chien ? — dit Neroweg en se retournant vers Pierre. — Qu’as-tu à répondre ? qu’est devenue cette écuelle ? Je la connais bien, je l’avais rapportée du pillage de la ville d’Issoire, lorsque nous avons conquis l’Auvergne… Répondras-tu, chien ?
— Seigneur, je n’ai pas volé l’écuelle, je ne l’ai pas même vue sur la table… mes conjurateurs sont prêts à le jurer comme moi sur leur salut…
— Oui, oui… — reprirent en chœur les conjurateurs de l’accusé, — Pierre est innocent ; nous le jurons sur notre salut…
— Mon cher frère en Christ, — dit le clerc à l’accusé, — songez-y, c’est un gros péché que le vol, et c’est un autre gros péché que le