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— Miracle ! double miracle ! — s’écria l’évêque inspiré. — Les anges exterminateurs avaient enlevé dans les airs ces démons sous figures de Vagres, afin de les précipiter de plus haut au fin fond des enfers, leur demeure éternelle… Mais voici que ces démons, en tombant du haut en bas, se seront raccrochés à ces branches… Miracle ! double miracle !… Allons, mes chers fils, exterminez les Philistins !

À peine l’évêque achevait-il ces mots, en se glissant sous l’un des chariots, qu’une volée de flèches, tirée du haut des arbres par les Vagres, cribla la troupe de Neroweg… Se voyant découverts, les hardis garçons n’hésitèrent plus à combattre ; les traits furent lancés si juste par ces fins archers, que chaque flèche trouva son carquois dans la blessure qu’elle fit à l’ennemi.

— À toi, Neroweg, — dit du haut d’un arbre la voix de Ronan, le meilleur archer de la Vagrerie, — un descendant de Scanvoch t’envoie ceci à toi, descendant de l’Aigle terrible

Malheureusement pour l’adresse de Ronan sa flèche s’émoussa sur le casque de fer du comte, les Vagres jusqu’alors cachés dans les fourrés en sortirent en poussant de grands cris, attaquèrent intrépidement les troupes de Neroweg, une furieuse mêlée s’engagea.

Et qui fut vainqueur dans ce combat ? les Vagres ou les Franks ?

Malédiction ! presque tous les Vagres, après une lutte acharnée, ont été exterminés, quelques-uns échappés au massacre, d’autres trop gravement blessés pour fuir, restèrent prisonniers de Neroweg… Ronan le Vagre fut de ceux-là.

Et Loysik ? et la petite Odille ! et l’évêchesse ?

Aussi prisonniers… oui, tous ont été conduits au burg du comte frank, tandis que Saint-Cautin, triomphant et remportant ses vases d’or et d’argent, regagnait Clermont, suivi d’une foule pieuse criant partout sur son passage :

— Gloire à notre saint évêque ! gloire au bienheureux Cautin… il a vu l’Éternel face à face !