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errantes, rendent les communications, les approvisionnements impossibles… et trop souvent les horreurs de la famine ont décimé les grandes cités…

— Oui, voilà ce que la conquête a fait de la Gaule… Elle ne peut plus être libre… qu’elle disparaisse du monde, ensevelissant ses conquérants sous ses ruines !

— Mon frère, cette Gaule que tu ravages avec autant d’acharnement que ses conquérants, n’est-ce pas notre patrie bien-aimée, notre mère ? Est-ce à nous, ses fils, de nous unir aux barbares pour l’accabler de maux et de misères…

— Préfères-tu donc tendre le dos à un joug infâme ?

— Comme toi, je veux exterminer la barbarie des oppresseurs… comme toi, je veux mettre un terme au lâche hébêtement des opprimés ; mais je veux tuer la barbarie par la civilisation ; l’ignorance par l’enseignement ; la misère par le travail ; l’esclavage par notre héroïque sentiment de nationalité, hélas ! presque éteint en nous aujourd’hui, mais si puissant chez nos pères, lorsque nos druides soulevaient les populations en armes contre les Romains.

— Nos derniers druides, traqués par les évêques, ont péri dans les supplices !

— Mais la foi druidique n’est pas morte… non, non… les formes des religions passent, mais leur divin principe reste éternel, parce qu’il est divin… Crois-moi, ravivée, régénérée par la douce morale de Jésus, ce grand sage, ce génie sublime et tendre ! la foi druidique revit dans de nobles cœurs, elle a conservé sa croyance immuable à l’immortalité des corps et des âmes, à leur perpétuelle renaissance dans l’immensité des mondes étoilés, afin que par ces épreuves, par ces vies successives, les méchants deviennent meilleurs, et les bons meilleurs encore… Oui, l’humanité, visible ou invisible, s’élevant de sphère en sphère dans son labeur éternel, dans son progrès continu, vers une perfection infinie comme celle du Créateur… Telle est notre foi, à nous druides chré
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