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Douarnek n’avait pas achevé ces paroles, que, m’élançant à l’avant de la barque en passant par-dessus le corps du soldat qui rendait le dernier soupir, je saisis une des branches de chêne et l’agitai au-dessus de ma tête en signal de paix.

Une seconde volée de flèches, partie de derrière un escarpement de la rive, répondit à mon signal : l’une m’effleura le bras, l’autre s’émoussa sur mon casque de fer ; mais aucun soldat ne fut atteint. Nous étions alors à peu de distance du rivage ; je me jetai à l’eau ; elle me montait jusqu’aux épaules, et je dis à Douarnek :

– Fais force de rames pour te mettre hors de portée des flèches, puis tu ancreras le bateau, et vous m’attendrez sans danger… Si après le coucher du soleil je ne suis pas de retour, retourne au camp, et dis à Victoria que j’ai été fait prisonnier ou massacré par les Franks ; elle prendra soin de ma femme Ellèn et de mon fils Aëlguen…

– Cela me fâche de te laisser aller seul parmi ces écorcheurs, ami Scanvoch, — dit Douarnek ; — mais nous faire tuer avec toi, c’est t’ôter tout moyen de revenir à notre camp, si tu as le bonheur de leur échapper… Bon courage, Scanvoch… à ce soir…

Et la barque s’éloigna rapidement pendant que je gagnais le rivage.