» – Mon bon père, ma bonne mère, Hésus est irrité, l’étranger menace notre Gaule bien-aimée. Le sang innocent d’une vierge, offert par elle aux dieux, peut apaiser leur colère…
» — Adieu donc et au revoir, mon bon père, ma bonne mère ! Adieu et au revoir, vous tous, mes parents et mes amis ! Gardez ces colliers, ces anneaux en souvenir de moi que je baise une dernière fois vos têtes blondes, chers petits ! Adieu et au revoir ! Souvenez-vous d’Hêna, votre amie ; elle va vous attendre dans les mondes inconnus. »
Et moi et les rameurs nous avons repris en chœur, au bruit cadencé des rames :
« Elle était jeune, elle était belle, elle était sainte !
» Elle a offert son sang à Hésus pour la délivrance de la Gaule !
» Elle s’appelait Hêna, Hêna, la vierge de l’île de Sên. »
Douarnek continua le bardit :
» — Brillante est la lune, grand est le bûcher qui s’élève auprès des pierres sacrées de Karnak ; immense est la foule des tribus qui se pressent autour du bûcher.
» — La voilà ! c’est elle ! c’est Hêna !… Elle monte sur le bûcher, sa harpe d’or à la main, et elle chante ainsi :
» – Prends mon sang, ô Hésus ! et délivre mon pays de l’étranger ! Prends mon sang, ô Hésus ! pitié pour la Gaule ! Victoire à nos armes ! — Et il a coulé, le sang d’Hêna !
» Ô vierge sainte ! il n’aura pas en vain coulé, ton sang inno-