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ma douce fille, puisque te voilà ce soir dans notre maison pour fêter le jour de ta naissance !




» — Bénis soient les dieux, ma douce fille, — lui dit sa mère Margarid, — bénie soit ta venue ! Mais ta figure est triste ?




» Ma figure est triste, ma bonne mère ; ma figure est triste, mon bon père, parce qu’Hêna, votre fille, vient vous dire adieu et au revoir. »




« — Et où vas-tu, chère fille ? Le voyage sera donc bien long ? Où vas-tu ainsi ?




« — Je vais dans ces mondes mystérieux que personne ne connaît et que tous nous connaîtrons, où personne n’est allé et où tous nous irons, pour revivre avec ceux que nous avons aimés. »




Et moi et les rameurs, nous avons repris en chœur :

« Elle était jeune, elle était belle, elle était sainte…

« Elle a donné son sang à Hésus pour la délivrance de la Gaule !

« Elle s’appelait Hêna ! Hêna, la vierge de l’île de Sên. »

Douarnek continua son chant :




« Et entendant Hêna dire ces paroles-ci, bien tristement se regardèrent et son père et sa mère, et tous ceux de sa famille, et aussi les petits enfants, car Hêna avait un grand faible pour l’enfance.




» – Pourquoi donc, chère fille, pourquoi donc déjà quitter ce monde, pour t’en aller ailleurs sans que l’ange de la Mort t’appelle ?