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n’est pas venu ; je ne voudrais pas hasarder une parole légère.

– Tenez, — lui dis-je en souriant, — je suis sûr qu’il s’agit de quelqu’un de ces contes ridicules qui courent depuis quelque temps dans l’armée au sujet de Victorin, sans qu’on sache la source de ces méchantes menteries. Pouvez-vous, Sampso… vous… avec votre saine raison, avec votre bon cœur, vous faire l’écho de pareilles histoires ?

– Adieu, Scanvoch ; je vous ai dit que je ne voulais pas me quereller au sujet de votre héros ; vous le défendez envers et contre tous…

– Que voulez-vous ? c’est mon faible ; j’aime sa mère comme ma sœur… j’aime son fils comme s’il était le mien. Ne faites-vous pas ainsi que moi, Sampso ? mon petit Aëlguen, le fils de votre sœur, ne vous est-il pas aussi cher que vous le serait votre enfant ? Croyez-moi… lorsque Aëlguen aura vingt ans et que vous l’entendrez accuser de quelque folie de jeunesse, vous le défendrez, j’en suis sûr, encore plus chaudement que je ne défends Victorin… D’ailleurs, ne commencez-vous pas dès à présent votre rôle de défenseur ? Oui, lorsque l’espiègle est coupable de quelque grosse faute, n’est-ce pas sa tante Sampso qu’il va trouver pour la prier de le faire pardonner ? Vous l’aimez tant !…

– L’enfant de ma sœur n’est-il pas le mien ?

– Voilà donc pourquoi vous ne voulez pas vous marier ?

– Certainement, mon frère, — répondit-elle en rougissant avec une sorte d’embarras ; puis, après un moment de silence, elle reprit :

– Vous serez, je l’espère, de retour ici vers le milieu du jour, pour que notre petite fête soit complète ?

– Mon devoir accompli, je reviendrai. Au revoir, Sampso !

– Au revoir, Scanvoch !

Et laissant la sœur de ma femme occupée à placer un bouquet dans l’un des anneaux de la porte de notre maison, je m’éloignai en réfléchissant à notre entretien.