du Gui, pour la liberté de la Gaule. Il m’a dit avoir été poussé à la révolte contre l’oppression étrangère par les récits de la vaillance de nos aïeux libres et par la peinture des souffrances de nos pères esclaves. Moi, son fils Justin, colon du fisc, mais non plus esclave, j’ai fait consigner ceci sur les parchemins de notre famille ; je les transmettrai fidèlement à mon fils Aurel, ainsi que la faucille d’or, la clochette d’airain, le morceau de collier de fer et la petite croix d’argent, que j’ai pu conserver. »
Aurel, fils de Justin, colon comme son père, n’a pas été plus lettré que lui ; une main étrangère avait aussi tracé ces mots à la suite de notre légende :
« Ralf, fils d’Aurel, le colon, s’est battu pour l’indépendance de son pays ; Ralf, devenu tout à fait libre par la force des armes gauloises et la guerre sainte prêchée par nos druides vénérés, a été aussi obligé de prier un ami de tracer ces mots sur nos parchemins pour y constater la mort de son père Aurel : Mon fils Scanvoch, plus heureux que moi, pourra, sans recourir à une main étrangère, écrire dans nos récits de famille la date de ma mort, à moi, Ralf, le premier homme de la descendance de Joël, le brenn de la tribu de Karnak, qui ait reconquis une entière liberté. Je déclare ici, comme plusieurs de nos aïeux, que c’est le récit de la vaillance et du martyre de nos ancêtres, réduits en servitude, qui m’a fait prendre, comme à tant d’autres, les armes contre les Romains. »
Moi, donc, Scanvoch, fils d’Aurel, j’ai effacé de notre légende et récrit moi-même les lignes précédentes, jadis tracées par la main d’autrui, qui mentionnaient la mort et les noms de nos aïeux, Justin, Aurel, Ralf. Ces trois générations remontaient à Médérik, fils de Gomer, lequel était fils de Judicaël et petit-fils de Fergan, dont la femme Geneviève a vu mettre à mort, en Judée, Jésus de Nazareth, il y a aujourd’hui deux cent soixante-quatre ans.
Mon père Ralf m’a aussi remis nos saintes reliques à nous :