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— Ce n’est pas le châtiment de Jésus que nous voulons, c’est sa mort !…

— Oui, oui ! — crièrent plusieurs voix, — la mort ! la mort !…

Ponce-Pilate ne répondit à ces murmures, à ces cris, qu’en haussant les épaules et en rentrant chez lui.

— Si le gouverneur est convaincu de l’innocence du jeune maître, — se disait Geneviève, — pourquoi le fait-il châtier ?… C’est à la fois lâche et cruel… Il espère peut-être calmer, par cette concession, la rage des ennemis de Jésus… Hélas ! il s’est trompé ; il ne les apaisera que par la mort de ce juste !…

À peine Ponce-Pilate eut-il donné l’ordre de châtier le fils de Marie, que les miliciens s’en emparèrent, lui arrachèrent les derniers lambeaux de son manteau, le dépouillèrent de sa tunique de toile et de sa tunique de laine, qu’ils rabattirent sur sa ceinture de cuir, et mirent ainsi à nu le haut de son corps ; puis ils le garrottèrent à l’une des colonnes qui ornaient la porte d’entrée de la maison du gouverneur romain.

Jésus n’opposa aucune résistance, ne proféra pas une plainte, tourna vers la foule son céleste visage, et la contempla tristement sans paraître entendre les injures et les huées qui redoublèrent.

On était allé quérir le bourreau de la ville pour battre Jésus de verges ; aussi, en attendant la venue de l’exécuteur, les vociférations continuèrent, toujours excitées par les émissaires des pharisiens.

— Ponce-Pilate espère nous satisfaire par le châtiment de ce maudit, mais il se trompe, — disaient les uns.

— La coupable indulgence du gouverneur romain, — ajouta l’un des émissaires, — ne prouve que trop qu’il s’entend secrètement avec le Nazaréen…

— Ah ! mes amis… de quoi vous plaignez-vous ? — disait un autre ; — Ponce-Pilate nous donne plus que nous ne lui demandions : nous ne voulions que la mort du Nazaréen, et il sera châtié avant d’être mis à mort… Gloire au généreux Ponce-Pilate !…