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(E) (Voir Trebellius Pollion, cité par M. A. Thierry). Après la mort de son fils et de son petit-fils, Victoria, dont les larmes n’avaient pu empêcher la mort de son petit-fils, retrouva son autorité, les soldats revinrent à elle. Ils la supplient, ils veulent qu’elle les gouverne ; elle refuse ; mais, touchée du repentir des soldats, et attachée de cœur à ces camps, elle y resta avec le titre de mère, souveraine de fait ; son plan une fois arrêté, elle présenta à l’armée Marius (Marion), officier parvenu plein de bravoure et de fermeté ; l’armée sans hésiter l’acclama pour chef. (Treb. Poll. Trig. Tyr, 186, 200, ap. A. Thierry.)


(F) Marius, pendant son règne de quelques mois, eut occasion de se mesurer sur le Rhin contre les Germains, et le fit avec bonheur, mais un crime l’arrêta au premier pas d’une carrière si honorablement commencée : le soldat des légions gauloises, qui avait autrefois travaillé avec lui comme armurier, se crut négligé ou offensé, l’attira un jour à l’écart et lui plongea son épée dans le sein en lui disant : La reconnais-tu, toi qui l’as forgée ? (Hic est gladius quem ipse fecisti). (Tréb. Poll. 187, ap. A. Th.)



CHAPITRE V.


(G) J’écris ceci aujourd’hui 8 juin 1850, jour de la promulgation de la loi contre le suffrage universel.

Nous l’avons déjà dit, toute pensée d’oppression, toute négation de liberté se rattache de près ou de loin, dans l’histoire, à la tradition ultramontaine, qui, dès les premiers siècles, a complètement faussé la doctrine du Christ. L’honorable M. de Montalembert, l’un des plus ardents défenseurs de la nouvelle loi électorale, aura rallié ses honorables collègues aux coutumes épiscopales en matière de suffrage universel, il leur aura cité le canon 13 du concile de Laodicée, de sorte que ses collègues, frappés de l’heureuse et divine lumière de ce canon 13, ont déclaré par l’organe de l’honorable M. Thiers, qu’en effet la vile multitude était aujourd’hui, comme au troisième siècle de l’ère chrétienne, complètement indigne d’exercer le suffrage universel.

Voici ce que nous lisons à ce sujet dans un illustre historien dont personne n’a jamais mis en doute l’imposante autorité :

«… À cette époque (au troisième siècle après Jésus-Christ), c’était par une élection purement démocratique que le clergé se recrutait de membres nouveaux ; les évêques eux-mêmes étaient élus par leurs troupeaux, et les citoyens les plus obscurs concouraient à cette nomination importante. Ce n’est pas que les deux autorités civiles et ecclésiastiques n’eussent cherché de concert à écarter la populace de ces élections ; un canon du concile de Laodicée interdisait à la foule de prendre part aux élections pour le sacerdoce, et une novelle de Justinien ordonnait au métropolitain, qui apprenait la mort de l’un de ses évêques, de convoquer seulement les clercs et les premiers citoyens de la ville, en même temps qu’il ordonnait une commission à quelque autre de ses suffragants pour administrer le siège vacant et présider à l’élection ; mais la multitude accourait toujours de toutes les parties du diocèse dans le lieu où l’on allait lui choisir un nouveau pasteur ; elle réclamait ses droits au nom de l’égalité des fidèles devant Dieu… Ces acclamations, à la vue de quelque saint personnage, étaient prises pour